IranDroits de l'homme«Blogger» pour la révolution en Iran

«Blogger» pour la révolution en Iran

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La Liberté (Suisse), 24 mai – Par Laetitia Kirianoff – Internet · Le spectre d’un boycott massif pèse sur les présidentielles du 17 juin. Mais certains opposants en sont persuadés: la révolution en Iran ne se fera pas par les urnes, mais par la Toile.

Après la Géorgie, l’Ukraine et le Khirgizistan, l’Iran est le prochain pays sur la liste du «vent de démocratisation» qui souffle depuis les Etats-Unis. Mais dans ce pays, le renversement se fera essentiellement par l’action des «blogs» (espaces de dialogue sur internet). Ceci Ramin Parham, Iranien exilé en Occident et responsable de la fondation Iran Institute for Democracy basée à Washington en est convaincu.

Pour le jeune homme en effet, la présidentielle du 17 juin prochain ne représente «absolument aucun enjeu», si ce n’est le taux d’abstention qui accentuera encore plus la cassure entre les gouvernants et les gouvernés.

Un fait accrédité dimanche par le rejet, par le Conseil des gardiens, organe de surveillance non élu contrôlé par les conservateurs, de la quasi-totalité des réformateurs à l’élection présidentielle (voir ci-dessous). «Dans le cadre d’une Constitution théocratique, comme c’est le cas en Iran, aucune élection ne peut avoir d’enjeu digne de ce nom. C’est d’ailleurs absurde de parler d’élection dans un système où la souveraineté n’appartient pas au peuple», martèle Ramin Parham. Le Ministère de l’information, sentant le gouffre s’accentuer, aurait lancé un appel en déclarant que l’abstention serait interprétée comme une atteinte à la souveraineté de l’Etat.

REVOLUTION DE VELOUS

Pour Ramin Parham, comme pour d’autres «bloggeurs» iraniens, un changement de régime passera forcément par une révolution, mais «une révolution de velours», sur le modèle ukrainien, khirgize ou géorgien. Comment? En organisant une résistance en sous-main. «En Iran, les blogs ont connu un essor fulgurant ces dernières années, explique Ramin Parham.
Aujourd’hui, on estime à environ 65 000 le nombre de portails en langue persane et le farsi serait la quatrième langue du web. Aussi, malgré le parasitage des autorités qui filtrent certains sites, des mouvements d’opposition se mettent en place».
Provoquée par la fermeture massive de nombreux journaux réformateurs en avril 2000 et la répression sanglante des manifestations estudiantines en 1999 puis en 2000, la «blogosphère» persane constitue aujourd’hui un mouvement antigouvernemental souterrain sans commune mesure.

SUJETS TABOUS EVOQUES

En plus des milliers de blogs où les jeunes Téhéranais évoquent des sujets «tabous» (musique, sexualité, port du voile), une grande partie de la blogosphère milite pour un Iran démocratique et libre. Ainsi, le site «600 000 000.com» par exemple demande que soit organisé en Iran un référendum sous l’égide des instances internationales afin que s’établisse un gouvernement démocratique. «Manifeste.3.com» quant à lui, site né du mouvement étudiant de 1999 (alors désigné dans la presse comme la «Troisième Force») appelle ouvertement au boycott des élections.
Agacé par ce nouveau procédé, le régime a renforcé ces dernières années son contrôle sur la Toile. A l’approche des présidentielles, les forces conservatrices accentuent leurs efforts pour sévir contre la dissidence. Le 2 février dernier, une Cour provinciale a ainsi condamné un bloggeur à 14 ans de prison pour avoir exprimé ses opinions sur internet, selon un rapport de Human Rights Watch. Trois autres ont été condamnés à des peines de prison au cours des derniers mois pour avoir exprimé des opinions sur internet. Mais malgré ce contrôle, l’action virtuelle bat son plein. De son côté, Ramin Parham a concrétisé avec des amis son idée en créant, il y a un an et demi la fondation Iran Institute for Democracy, et un blog qui lui est directement rattaché. Son but: étudier les conditions historiques, contemporaines et actuelles de l’Iran pour contribuer au processus de démocratisation dans le pays.

L’APPUI DES AMERICAINS

Un objectif partagé par l’aile dure de l’administration Bush, dont le néoconservateur Michael Leeden, qui créait début 2002 la Coalition pour la démocratie en Iran et pressait le président américain en 2003 de soutenir les étudiants iraniens en révolte. Loin d’inquiéter le jeune militant, ce soutien «néocons» le réjouit: «Beaucoup d’Iraniens sont heureux que les Américains s’intéressent enfin à leur pays. La société iranienne, au même titre que la société géorgienne, mérite un soutien de l’étranger. La première et la deuxième administrations Bush ont fait leur choix pour la liberté et la démocratie et ils ont raison». Et de conclure: «Si par néoconservateur vous entendez une adhésion à l’idée de la liberté de l’homme et au droit d’ingérence démocratique dans l’affaire des peuples, alors, oui, je suis néoconservateur». I

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