Les élections qui se déroule aujourd’hui en Iran sont une excellente occasion de rappeler la réalité du système politique dans le pays. En effet, depuis des années, le régime iranien tente de faire croire à l’Occident qu’il existe un mouvement réformiste, et qu’il nécessite ses encouragements par une complaisance et une inaction face à des actes toujours plus malfaisants.
Cette propagande dissimule que le Guide suprême iranien détient tous les pouvoirs exécutifs, et que tous les candidats aux élections doivent être approuvés par le pouvoir. Par conséquent, il est impossible d’évoquer une véritable élection démocratique, peu importe le président élu.
Maryam Radjavi, présidente élue de la Résistance iranienne, a affirmé que « De vraies élections démocratiques, où les gens peuvent vraiment choisir leurs dirigeants, n’existent pas en Iran aujourd’hui. La vraie opposition n’a pas de voix politique. Ce qui existe actuellement est une lutte restreinte pour le pouvoir via de fausses élections dont le résultat est défini, non pas par le vote populaire, mais par la balance interne du pouvoir du régime. »
Un rôle limité
En Iran, le président n’est pas le plus haut dirigeant. En effet, cette responsabilité revient au Guide suprême, qui a le dernier mot sur tous les sujets importants de l’État. Les pouvoirs du président sont donc limités par l’autorité du Guide suprême, mais également par les religieux. En outre, c’est le Guide suprême qui contrôle les forces armées iraniennes et décide de la défense, de la sécurité et des aspects clés de la politique étrangère.
Par ailleurs, bien que le président puisse intervenir dans l’administration des affaires, il peut être contourné par le corps des gardiens de la révolution islamique (Pasdaran) ou les religieux par le biais du pouvoir judiciaire.
Enfin, le président ne peut pas diriger plus de deux mandats consécutifs. Chaque mandat a une durée de quatre ans.
Le véritable fonctionnement des élections
Tous les candidats sont soumis à un examen de la part d’un comité de surveillance élu par le « Conseil des gardiens de la constitution ». Ce dernier sélectionne les candidats autorisés à se présenter. en 2017, six candidats ont été retenus sur 1636 personnes. La sélection se base sur des critères précis, par exemple :
– Etre un homme (puisque la constitution par le d’ « hommes politiques »)
– Être citoyen iranien d’origine
– Avoir plus de 18 ans
– Être musulman
– Être qualifié pour être gardien de l’État
– Avoir une capacité de management
– Avoir un bilan d’affiliation religieuse et politique à la « république islamique »
– Montrer une allégeance profonde et pratique au pouvoir théocratique absolu. Cette allégeance est déterminée par les six religieux et six juristes nommés par le Guide suprême et le chef du pouvoir judiciaire, et qui forment le Conseil des gardiens.
Un candidat criminel
L’un des candidats aux élections est Ebrahim Raïssi, membre des services judiciaires depuis le début de la création du régime des mollahs. Raïssi est l’un des quatre hauts fonctionnaires des appareils judiciaires et du Renseignement nommés par Khomeini pour l’exécution de son décret concernant le massacre des Moudjahidine du peuple en 1988, qui causa la mort de plus de 30 000 prisonniers politiques. Ebrahim Raïssi faisait partie de la « commission de la mort », accusée par Montazeri, alors successeur désigné de Kohmeini, de criminelle. : « Ces exécutions sont les plus grands crimes commis par la République islamique », affirme Montazeri dans un enregistrement diffusé il y a quelques mois. Or, Raïssi fut l’un des membres les plus impitoyables et les plus actifs de cette commission et joua un rôle crucial dans l’un des plus grands massacres de l’histoire du pays. Il montra sa loyauté envers le régime en veillant à ce que les châtiments, par exemple les amputations des mains et/ou pieds des condamnés, et les sentences de mort, soient exécutées le plus vite possible. En 2011, il affirma que l’amputation de mains était l’une des plus grandes sources de fierté pour lui.
Vice-président de l’Assemblée des experts, procureur de Téhéran, président de l’organisation de l’inspection générale du pays, adjoint au chef du pouvoir judicaire, procureur général auprès du tribunal spécial pour le clergé puis procureur général du pays, Raïssi est désormais susceptible de devenir président. L’année dernière, il fut nommé responsable de la Fondation religieuse « Astan-e Qods-e Razavi », l’un des centres les plus importants du pouvoir politique et économique du régime des mollahs, par Khamenei. Les recettes des activités cette fondation sont principalement consacrées à l’exportation du fondamentalisme et du terrorisme dans la région et dans le monde.
Khomeini a émis plusieurs décrets prouvant sa confiance absolue envers Raïssi et son rôle majeur dans les tortures et exécutions. Par exemple, en 1989, il publia un décret contenant les propos suivants : « Au nom de Dieu le Miséricorde, Parce que les hautes autorités judiciaires du pays font preuve de peu de sensibilité à l’égard des affaires choquantes, Messieurs Nayeri et Raïssi sont chargés, par ce décret, de la mission d’agir selon leurs pouvoirs discrétionnaires dans le cadre de l’islam chéri pour régler les problèmes mentionnés. On s’étonne de voir de tels comportements dans un système islamique, mais ces personnes cessent d’exécuter les commandements divins avec sang-froid et accordent leurs priorités aux autres questions, sans se soucier des affaires judiciaires… »
Cet individu pourrait devenir le prochain président d’Iran.