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Iran : Les prisonniers qui dénoncent la machine à tuer sont en danger

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Iran : Les prisonniers qui dénoncent la machine à tuer sont en danger

Le 30 juillet dernier, les gardiens de la prison de Gohardacht (Karaj, 40 km à l’ouest de Téhéran) ont brutalement attaqué les prisonniers politiques et les ont roués de coups.

Cette attaque intervient juste au lendemain d’un communiqué signé par les prisonniers politiques, dans lequel ils réclamait justice pour les victimes du massacre des prisons. Des dizaines de milliers de prisonniers politiques avaient été exécuté en 1988. Le communiqué récent appelait à traduire en justice les responsables de ces crimes. Ils rappelaient que les protagonistes de ces tueries occupent pour la plupart des postes clés dans le gouvernement et se disent fières d’avoir commis ces massacres.

Les prisonniers politiques protestataires qui ont été battu le 30 juillet ont été transférés de force de leur cellules de la prison de Gohardacht à la salle 10 du quartier 4. Les autorités pénitentiaires ont privé ces prisonniers politiques de minimum de moyens quotidiens et de vêtements décents. Les prisonniers, Abolqassem Fouladvand, Hassan Sadeghi, Saeed Massouri, Reza Akbari Monfared, Jafar Eqdami, Amir Qaziyan, Khaled Heradani, Zaniyar et Loqman Moradi placé en isolement cellulaire se sont mis en grève de la faim et leur état de santé inquiète les organisations des droits de l’Homme et leurs familles.

D’autre prisonnier d’opinion, comme Mohammad Banazadeh Amir-Khizi, Pirouz Mansouri, Majid Assadi et Payam Shakiba se sont mis en grève de la faim pour protester contre le traitmeent qui a été reservé à leurs camarades. Les autorités ont interdit à ces prisonniers politiques toutes visites de leurs familles et les ont placés sous pressions pour mettre fin à leur grève de la faim.

L’Ayatollah Ahmed Khatami, un très proche collaborateur du Guide suprême, avait dit à la prière de vendredi de Téhéran, qu’il fallait « offrir des médailles » à ceux qui ont effectué ces tueries.

Khomeiny a bel et bien donné une fatwa pour assassiner tous les détenus opposants fidèles à leurs convictions en 1988, a par ailleurs reconnu lors d’une interview l’ancien ministre des Renseignements (1988-1997), Ali Fallahian.

Alireza Ava’i, le nouveau ministre de la justice du gouvernement de Rohani était membre de « la commission de la mort » qui a mis en exécution la fatwa de Khomeiny, dans la province de Khouzistan dans le sud de l’Iran. Il vient de remplacer à la tête du ministère de la justice, Moustapha Pourmohammadi, l’un des membres de la Commission de la mort à Téhéran.

À ce jour, aucun fonctionnaire iranien n’a été sujet d’enquêtes ou de poursuites en justice pour les exécutions extrajudiciaires.

Mais la jeune génération s’intéresse de plus en plus à ce massacre et tente de traduire en justice les protagonistes.

Selon un récent rapport d’Amnesty International (2 août 2017): « Les défenseurs des droits de l’homme en quête de vérité et de justice comprennent des jeunes défenseurs des droits de l’homme nés après la révolution de 1979 qui dirigent des médias sociaux et d’autres plateformes pour discuter des atrocités qui ont eu lieu dans le passé et appeler aux rassemblements commémoratifs à Khavaran ».

Selon Amnesty toujours, l’Iran détient le record des exécutions par rapport à sa population. La machine à tuer fonctionne toujours cruellement. À l’heure actuelle 5000 personnes se trouvent en file d’attente des pendaisons, rien que pour des délits en lien avec les narcotrafiquants. Quatre-vingt femmes ont été pendues dans la première investiture d’Hassan Rouhani. Alors que selon l’Ayatollah Hossein-Ali Montazei, le dauphin de Khomeiny : la jurisprudence islamique, même une femme reconnue coupable d’être « en guerre contre Dieux » ne doit pas être tuée (le N°2 du pouvoir était alors fortement choqué par l’exécution d’une femme enceinte). Montazeri fut évincé par ce dernier justement pour avoir protesté contre ces massacres.

Mais la machine à tuer doit fonctionner. Le fait que des massacres aussi énormes que ceux de 1988 n’ont eu aucune poursuite judiciaire encourage cette machine à fonctionner sans le moindre souci.

Rien que dans le mois de juillet, 101 personnes ont été pendues en Iran. Les pendaisons des adolescents continuent. « Le Président Rohani et son gouvernement n’ont jusqu’à présent pris aucune mesure significative pour mettre fin à ces abus », remarque le rapport d’Amnesty International.

Les appels des ONG et des organisations politiques se multiplient pour l’intervention du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme, du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en Iran, du Rapporteur spécial sur la torture, pour des mesures urgentes en vue de sauver les vies de ces prisonniers politiques. La société iranienne n’espère aucun changement au sein du système dont les différentes factions sont directement impliquées dans les tueries et la répression. On entend de plus en plus de voix d’élever pour réclamer la traduction en justice, des hauts responsables du régime des mollahs pour leurs crimes continus et croissants particulièrement le massacre de 1988. Pour être efficace, il faudrait que les Etats européens dont la France, conditionne leur relation avec Téhéran, à l’amélioration de la situation désastreuse des droits de l’Homme et la libération de tous les prisonniers politiques sans aucune condition préalable.

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