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L’Iran: des jeunes au bord de l’explosion!

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L’Iran: des jeunes au bord de l’explosion!

Le 12 août marque la Journée mondiale de la jeunesse. « Elle permettra d’attirer l’attention de la communauté internationale sur les problématiques liées à la jeunesse ainsi que de mettre en avant le potentiel des jeunes en tant que partenaires de la société d’aujourd’hui », indique le UNESCO.

L’objectif de cette journée est de promouvoir ou mieux de développer, entre autres, la conscience des jeunes en ce qui concerne le Programme d’action mondial pour la jeunesse à l’horizon 2030. Ce programme s’étale sur dix domaines prioritaires: L’éducation, l’emploi, la famine et la pauvreté, la santé, l’environnement, l’usage abusif des drogues et autres stupéfiants, la délinquance juvénile, les loisirs sains et les filles et jeunes femmes.

Avec une population de 23 millions de personnes âgées entre 15 et 29 ans, l’Iran est l’un des plus jeunes pays du monde.

Cette jeune nation est toutefois en proie à une flambée de chômage qui est le principal problème des jeunes. Presque 15 millions de personnes sont sans emploi, au moins 4,5 millions d’entre eux ont un diplôme universitaire [1]. En 1986, près de 70 % des diplômés universitaires pouvaient trouver un emploi à l’issue de leurs études. En 2011, ce taux a chuté à moins de 50 %. [2]

Autrement dit, plus de 50 % des Iraniens issus des universités se trouvent au chômage. Ces jeunes sont soit orientés vers des travaux de main d’œuvre journalier (comme ouvriers du bâtiment par exemple), soit versés dans les travaux dit libres, tels que les marchands ambulants, les transports privés, etc. De toute manière, quel que soit le débouché trouvé, il est incompatible avec leurs études et leur formation, et il est dénué de toute sécurité en matière de profession.

C’est dans ces circonstances que de nombreux jeunes tombent dans le comble du désespoir et se dirigent vers la drogue. Au moins 3 millions des toxicomanes en Iran sont en majorité des jeunes. Certaines estimations vont jusqu’à 14 millions ! [3]. Selon des rapports publiés par les médias officiels, l’âge moyen de la toxicomanie en Iran a chuté à 13 ans, bien que certaines sources officielles veulent faire croire qu’elle est à 20 ans [4]. Selon un sondage réalisé par un groupe de contrôle sur la toxicomanie, le nombre des drogués a doublé en Iran, depuis 2011 [5].

Ces chiffres publiés officiellement par l’État devraient être abordés avec précautions. Les chiffres réels sont bien au-dessus de la version officielle, alors que le régime iranien n’a présenté jusqu’à présent aucun plan à court ou à long terme pour contenir l’expansion effrénée de la toxicomanie en particulier parmi les jeunes.

Par ailleurs, l’accès facile aux stupéfiants à des prix dérisoires a contribué à la montée en flèche du nombre de toxicomanes en Iran.

En fait, le pouvoir en place et plus précisément le Corps des Gardiens de la Révolution islamique (le CGRI) constituent et contrôlent les mafias de trafic de drogue et les réseaux de distribution. Cette implication est étroitement liée aux solutions politiques recherchées par le pouvoir en place pour endiguer toute nouvelle révolte du genre de l’insurrection de 2009 ou de 1999. Selon les théoriciens du régime iranien, l’orientation de la jeunesse vers une toxicomanie à portée de leurs mains, les éloignerait des solutions extrêmes pour surmonter leur désarroi face à un avenir incertain.

En outre, la situation des droits de l’Homme en Iran n’a cessé de se détériorer depuis l’avènement de la République islamique, il y a 39 ans. Incapable de réaliser les revendications de la jeunesse, la théocratie a toujours préféré la répression. Ramin Hosseinpanahi, Atena Daemi, Golrokh Iraei, Arach Sadeghi sont parmi les innombrables personnes qui souffrent de longues années en prison pour avoir eu l’audace d’exprimer leurs opinions.

Les conditions dans les prisons sont particulièrement pénibles. De nombreux prisonniers politiques ont été récemment placés aux cachots notamment ceux du quartier 4 dans la prison de Gohardacht à Karaj. L’état de santé de ces prisonniers sont inquiétant depuis qu’ils entament une grève de la faim comme Abolqassem Fouladvand, Hassan Sadeghi, Saeed Massouri, Reza Akbari Monfared, Jafar Eqdami, Amir Qaziyan, Khaled Heradani, Zaniyar et Loqman Moradi d’autre prisonnier comme Mohammad Banazadeh Amir-Khizi, Pirouz Mansouri, Majid Assadi et Payam Shakiba se sont mis en grève de la faim par solidarité. Les autorités ont interdit à ces prisonniers politiques toutes visites de leurs familles.

L’Iran détient le taux le plus élevé d’exécutions capitale par habitant dans le monde. Les pendaisons sont réalisées quotidiennement et sans relâche. Rien qu’en juillet 2017, 111 personnes sont passées par la potence.

La majorité des personnes exécutées étaient âgées de moins de 30 ans, y compris les deux jeunes hommes de 24 et 27 ans, qui ont été pendus en public. Dans un geste contredisant toutes les normes de droit humanitaire, un jeune homme qui avait été arrêté à l’âge de 15 ans, a été pendu à la Prison d’Adelabad de Chiraz, au sud de l’Iran. La pendaison de cet adolescent, Alireza Tajiki, a été réalisée malgré la vague des actions urgentes sur le plan international, appelant à son acquittement.

Un sondage récent indique que la grande majorité des jeunes de 16 à 25 ans quitteraient le pays à la première occasion. L’Iran est le premier pays au monde en matière de la fuite des cerveaux avec 150.000 de ses jeunes élites qui ont fui le pays en un an seulement. Chacun des jeunes qui ne parviennent pas à sortir du pays pour mener une vie tranquille, représente aujourd’hui une bombe à retardement qui risquerait d’exploser à la moindre maladresse du pouvoir en place.

Dans un fait divers tout récent, un jeune athlète iranien, Asghar Nahvipour, n’a pas supporté le harcèlement des jeunes filles par un mollah dans une station de métro au sud de Téhéran. Le jeune homme est intervenu et a roué de coups le clerc trop soucieux de rappeler aux jeunes filles que leurs vêtements étaient provoquants. Le jeune athlète était visiblement à bout de nerf et criait que « nous ne voulons pas de ces mollahs. Nous ne voulons pas de cet Islam là. Laissez-nous tranquilles ! ». La police est intervenue et a tiré à bout portant, sans le moindre avertissement, alors que toutes les circonstances de l’arrestation du jeune homme étaient rassemblées et que rien ne nécessitait de lui tirer dessus d’autant plus qu’il n’était pas armé.

Ce meurtre en bonne et due forme filmé par un citoyen a circulé sur le sréseaux sociaux et a soulevé une vague d’indignation dans la société. Deux semaines après l’évènement, les hommages ne cessent d’affluer sur les médias sociaux : « les héros ne meurent jamais », « Champion Asghar ta voie continuera » ou « la nation n’oubliera pas ses champions ». Plusieurs autres mollahs ont déjà été attaqués depuis, par des jeunes alors qu’ils étaient en train d’interpeller d’autres jeunes pour leur comportement vestimentaire.

La jeune société iranienne est au bord de l’explosion. un mouvement pour le changement aspirant à la liberté et aux valeurs laïques est en marche. C’est ce qu’accordent à répéter, aussi bien les dirigeants du pouvoir en place que ceux de l’opposition.

La journée mondiale de la jeunesse est l’occasion pour appeler la communauté internationale à soutenir les revendications de cette jeune société et d’aider les jeunes Iraniens à atteindre la société pacifique qu’ils méritent.

[1] taux de chômage des diplômés (site Hamchahri – 17 juin 2017)
[2] statistiques sur l’emploi et le chômage des étudiants et des diplômés. (l’Agence de presse Mehr – 16 juin 2017)
[3] statistiques dans les coulisses de la dépendance dans le pays (site Asre-Iran – 23 juin 2015)
[4] l’âge moyen de la toxicomanie en Iran (l’Agence de presse Mehr –1er juin 2016)
[5] 100 % d’augmentation du nombre des toxicomanes (site Armane-Emrouz –25 juin 2017)

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