The Guardian, 4 décembre Par Robert Tait LIran a fermé laccès hier à certains sites Internet parmi les plus populaires au monde. Les internautes ne peuvent plus accéder à des sites aussi prisés que Amazon.com ou YouTube suite aux instructions de filtrage données aux fournisseurs daccès.
Des arrêtés similaires ont été délivrés contre Wikipedia, lencyclopédie dInternet, IMDB.com, réserve de films en ligne, et le site du New York Times. Si quelquun tente dentrer sur le site, il tombera sur le message « La page demandée est inaccessible ».
Ces mesures strictes sont linitiative de hauts responsables juridiques dans le cadre de la dernière phase en date dune campagne qui a également interdit lInternet haut débit dans le but dempêcher laccès aux musiques et aux films étrangers « dépravés ». Cette campagne fait partie de la politique du président islamiste, Mahmoud Ahmadinejad, consistant à débarrasser le pays de linfluence de la culture occidentale.
LIran a rejoint le mois dernier les 13 pays jugés « ennemis dInternet » par le groupe des droits humains, Reporters sans frontières, qui dénonce la fermeture des sites Internet par lEtat, les intimidations et lincarcération des blogueurs.
Les dissidents accusent lIran de se servir de la technologie de filtre pour censurer plus de sites que nimporte quel autre pays au monde, excepté la Chine. Jusquà maintenant, les sites visés ont en majorité des liens avec les groupes dopposition ou sont considérés comme étant « immoraux » au regard du code légal islamique en Iran. Certains sites dinformations, tels que le Farsi service de BBC, ont également été bloqués.
« Nous avons demandé à la justice, chargée du filtrage, dexpliquer sa décision concernant tous les sites spécifiés, mais jusquà maintenant, la seule réponse que nous ayons eue est la confirmation de linterdiction de Wikipedia. Nous nen connaissons pas les raisons », a affirmé un haut technicien de Datak, fournisseur de services. Linterdiction pesant sur YouTube reflète lattention croissante des officiels sur les films privés publiés sur Internet, question dactualité depuis la mise en ligne récemment dune vidéo montrant apparemment la star dun feuilleton iranien ayant des relations sexuelles.
Avec environ 7,5 millions dinternautes, lIran détiendrait le taux le plus élevé de connexions à Internet au Moyen Orient après Israël. La popularité du net a encouragé près de 100 000 blogueurs, la majorité étant opposés au régime islamique. Certains blogs font office de substituts à la presse réformiste en Iran, florissante à une certaine époque mais désormais en grande partie disparue.
La semaine dernière, Mohammed Tourang, directeur de la commission culturelle du bureau de linformation, a mis en garde les sites Internet iraniens contre des règles plus strictes en annonçant des mesures visant à éliminer les contenus « immoraux et illicites ». Il a affirmé que les propriétaires de sites allaient recevoir des lettres de rappel officielles sur lélimination des éléments interdits. Une attention particulière serait portée sur le contenu jugé dangereux pour lunité nationale ou insultant à légard des textes et symboles religieux sacrés. Les étudiants et universitaires avancent que ces mesures les limitent dans leurs recherches.
Cette purge indique une vague de plus en plus importante de censure des publications en Iran débouchant sur linterdiction de centaines de livres, dont des classiques occidentaux. Les paraboles satellites, qui sont également interdites, sont confisquées.