AFP, Téhéran, 9 juillet – Le conseiller pour la presse du président Mahmoud Ahmadinejad a justifié lundi les restrictions à la liberté de la presse, dénonçant l’existence de médias « au service d’un groupe politique », quelques jours après l’interdiction définitive du quotidien réformateur Mosharekat.
« Pourquoi devrions nous garantir la libre circulation de l’information? Afin que quelques personnes exploitent cette atmosphère à leurs propres fins? Non, nous ne garantirons une telle atmosphère à personne », a expliqué Mohammad Ali Javanfekr, dans une interview au quotidien Shargh.
Il a dénoncé la « direction de certains médias », sans les nommer, infiltrés selon lui « par des courants politiques opposés au gouvernement ».
M. Javanfekr répondait à une question sur l’étendue de la liberté accordée à la presse en Iran.
La question du journal mentionnait entre autres le cas de plusieurs journaux suspendus, dont Moshakeratâ.
La licence du journal, qui avait été suspendu de publication il y a sept ans lors d’une campagne judiciaire visant la presse réformatrice, a été définitivement supprimée mardi dernier.
Le journal était l’organe officiel du principal parti réformateur iranien, le Front de participation, aujourd’hui dans l’opposition. Il était dirigé par Mohammad Reza Khatami, frère de l’ex-président réformateur Mohammad Khatami.
Dans son interview, M. Javanfekr a par ailleurs lancé une attaque en règle contre les médias jugés « en opposition » au gouvernement de M. Ahmadinejad.
Ces déclarations coïncident avec celle du ministre de la Culture, Mohammad Hossein Safar Harandi. Ce dernier a dénoncé samedi un « coup d’Etat rampant » dans la presse.
Les autorités iraniennes ont décidé, outre l’interdiction définitive de Mosharekat, la suspension la semaine dernière du grand quotidien modéré Ham Mihan.
Quant à l’agence semi-officielle Ilna, proche des réformateurs et des milieux de gauche, son directeur a démissionné lundi et elle a cessé toute activité depuis mardi soir.
« Quand un média se met au service d’un groupe politique opposé au gouvernement, il devient un instrument de sabotage et d’affaiblissement du gouvernement, visant à le renverser d’une manière douce », a accusé M. Javanfekr.
Il a dénoncé la « direction de certain médias », sans les nommer, infiltrés selon lui « par des courants politiques opposés au gouvernement ».
M. Javanfekr s’exprimait dans le quotidien modéré Shargh, qui a été suspendu par les autorités en septembre, à cause d’une caricature jugée injurieuses à l’encontre du président Ahmadinejad, avant de reparaître en avril.
Le conseiller a accusé le journal d’avoir été au nombre des organes de presse ayant fait preuve d’une « position anti-Ahmadinejad et d’avoir continué à s’opposer à son gouvernement », après sa prise de fonction en août 2005.
« Il ne s’agissait pas de critiques, mais d’une opposition et d’un effort pour renverser un groupe du pouvoir », a-t-il jugé.
La dernière grande offensive contre la presse remonte à l’an 2000, quand le pouvoir judiciaire, qui était et reste dominé par les conservateurs, avait fermé plusieurs dizaines de publications proches des réformateurs alors au pouvoir.