Reuters: La militante iranienne des droits de l’homme Shirin Ebadi, prix Nobel de la paix 2003, reproche aux Etats-Unis de fermer les yeux sur la répression dans son pays dans l’espoir d’obtenir des concessions de Téhéran sur son programme nucléaire.
Dans une interview accordée mardi à Reuters, l’avocate félicite Barack Obama pour son prix Nobel et espère que cette distinction incitera le président américain à se faire le héraut des droits de l’homme à travers le monde. Shirin Ebadi a quitté l’Iran juste avant l’élection présidentielle du 12 juin, qui a vu la réélection contestée du président sortant, l’ultraconservateur Mahmoud Ahmedinejad, et a entraîné les pires violences civiles dans le pays depuis la révolution islamiste il y a trente ans.
Dans son interview, Shirin Ebadi dénonce les "parodies de procès" intentées contre les opposants. Pour elle, les Etats-Unis et les pays occidentaux, soucieux de voir Téhéran se plier aux exigences du traité de non prolifération, font du dossier nucléaire une priorité au détriment de la défense des droits de l’homme en Iran.
Rappelant les condamnations à mort prononcées dans son pays et l’incarcération de journalistes, elle reproche à l’Occident de "fermer les yeux" sur ces réalités. "Pourquoi M. Obama choisit-il de serrer la main à (des représentants d’) un pays qui bafoue les droits de l’homme?", dit-elle. "Ces trois dernières années, on a surtout parlé de la question nucléaire et, encore aujourd’hui, les Etats-Unis veulent uniquement se focaliser sur ce dossier."
Shirin Ebadi, qui entend rentrer dans son pays d’ici deux mois environ, demande aux Occidentaux de plaider en faveur des trois opposants récemment condamnés à mort, selon elle sous de faux prétextes. Les initiales du nom d’un des condamnés correspondent à celles de Mohammad-Reza Ali-Zamani.
En août, l’agence de presse Mehr avait rapporté qu’Ali-Zamani, 37 ans, était notamment accusé d’appartenir à une association "terroriste" monarchiste. Selon Shirin Ebadi, Ali-Zamani a été arrêté bien avant l’élection du 12 juin et n’a donc pu participer aux manifestations.