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Amnesty dénonce le recours à la violence sexuelle contre des manifestants en Iran

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Amnesty dénonce le recours à la violence sexuelle contre des manifestants en Iran

L’organisation a également reçu des informations signalant d’odieux actes de violence sexuelle infligés à au moins une femme arrêtée de façon arbitraire par des agents des services de sécurité en civil et maintenue en détention pendant plusieurs heures dans un poste de police. Selon des sources bien informées, pendant sa détention, cette femme a été emmenée dans une pièce où elle a été interrogée par un agent des forces de sécurité qui l’a contrainte à pratiquer une fellation sur lui et qui a tenté de la violer.

« Les forces de sécurité iraniennes se sont une fois de plus livrées à des attaques des plus répréhensibles contre les droits du peuple iranien aux libertés d’expression et de réunion pacifiques, et ont une fois de plus recouru à des méthodes illégales et violentes, a déclaré Philip Luther.

« Les autorités iraniennes doivent mettre fin à la répression de toute urgence, et veiller à ce que les forces de sécurité fassent preuve de la plus grande retenue et respectent les droits des manifestants à la liberté d’expression et de réunion. Les détenus doivent être protégés contre la torture et les autres formes de mauvais traitements, et toutes les personnes qui sont détenues de façon arbitraire doivent être remises en liberté. »

Les témoignages et les photographies réunies par Amnesty International indiquent que les forces de sécurité ont tiré des plombs pointus, infligeant ainsi de douloureuses blessures ; les victimes doivent en outre subir une intervention chirurgicale pour l’extraction de ces balles. Des blessures correspondant à des tirs de balles en caoutchouc ont également été constatées. Ces plombs sont utilisés pour la chasse au petit gibier et sont totalement inappropriés pour tout ce qui a trait au maintien de l’ordre.

Le Service de vérification numérique de l’organisation a également vérifié plusieurs dizaines de vidéos montrant les forces de sécurité en train de tirer des gaz lacrymogènes sur une foule de manifestants pacifiques.

Les forces de sécurité déployées dans la rue comprenaient les forces spéciales de la police iranienne, les milices paramilitaires bassidji et des agents en civil.

L’une des vidéos vérifiées par Amnesty International montre deux femmes, à Téhéran, gisant sur le sol, qui sont blessées et qui saignent. Une autre vidéo enregistrée non loin de là montre une femme gisant sur le sol dans une mare de sang et qui hurle de douleur. On entend, dans ces vidéos, les gens qui les aident dire qu’elles ont été touchées par des tirs. Amnesty International n’a pas été en mesure d’établir quel est le type de munition qui a causé ces blessures.

Une autre vidéo montre un homme avec une blessure à la tête qui saigne. Deux radiographies obtenues par Amnesty International montrent clairement des plombs logés dans le genou d’un manifestant et dans la cheville d’un autre.

Amnesty International a également vérifié des images montrant des agents des forces de sécurité armés de fusils, mais l’on ignore quel type de munition a été utilisé pour les charger.

L’organisation a reçu des messages de plusieurs manifestants blessés qui ont partagé des photographies montrant leurs blessures, et indiqué qu’ils ne sont pas allés à l’hôpital pour faire extraire les plombs qui sont logés dans leur corps et qui les font souffrir, car ils redoutent d’être alors arrêtés.

Les forces de sécurité et des services de renseignement maintiennent une forte présente dans certains hôpitaux, ce qui incite à craindre qu’ils ont l’intention d’arrêter des patients. Amnesty International a également reçu des informations signalant que les forces de sécurité ont essayé de transférer des manifestants blessés dans des hôpitaux militaires. Certains hôpitaux et centres médicaux de Téhéran ont refusé de soigner des personnes, leur expliquant que si les forces de sécurité et des services de renseignement découvrent qu’elles faisaient partie des manifestants, elles seront alors arrêtées.

Un homme qui vit dans le secteur de Maali Abad, à Shiraz, dans la province de Fars, a dit qu’il avait voulu allumer une bougie par solidarité avec les victimes de la catastrophe aérienne, le 12 janvier, mais que les agents des forces de sécurité étaient plus nombreux que les manifestants et qu’ils ont créé « un climat terrifiant et intimidant destiné à faire fuir les gens ».

« Ils injuriaient et frappaient tous les gens à coups de matraque sur tout le corps, même les simples passants. Ils frappaient indifféremment les jeunes et les personnes âgées, les hommes et les femmes », a-t-il expliqué, ajoutant que les forces de sécurité ont aussi tiré des gaz lacrymogènes sur la foule. Il a été blessé, mais il n’a pas voulu aller se faire soigner à l’hôpital, car il redoutait d’être arrêté.

Un autre témoin direct, Mahsa, qui vit à Téhéran, a expliqué que les forces de sécurité ont tiré des gaz lacrymogènes dans l’entrée d’une station de métro, afin d’empêcher les gens d’aller rejoindre la manifestation.

Il y avait énormément de gaz lacrymogène […] J’étais tellement stressée et inquiète que tout d’abord, je n’ai même pas réalisé que j’avais été touchée par les tirs.
Mahsa, de Téhéran : « Il y avait énormément de gaz lacrymogène […] J’étais tellement stressée et inquiète que tout d’abord, je n’ai même pas réalisé que j’avais été touchée par les tirs […] Les forces spéciales de la police tiraient des plombs sur les gens. Mon manteau est maintenant tout troué, et j’ai des hématomes sur tout le corps […] Les rues étaient remplies d’agents en civil qui tiraient en l’air et menaçaient de tirer sur les gens […] Un agent des forces de sécurité m’a pourchassée quand ils ont vu que je filmais la manifestation, et c’est à ce moment-là que j’ai reçu un plomb pointu dans la jambe […] J’ai très mal », a-t-elle déclaré.

Mahsa a ajouté que les autorités avaient adressé des menaces aux médecins, et que trois centres de santé ainsi qu’une clinique vétérinaire avaient refusé de la soigner. Le 14 janvier, un médecin d’un hôpital de Téhéran lui a dit qu’elle devait immédiatement partir de l’hôpital, car si le service de renseignement (Herasat) de l’établissement découvrait qu’elle avait participé à la manifestation, elle serait alors arrêtée.

« La situation en Iran est en ce moment même encore plus douloureuse que la mort. Ils nous tuent lentement ; ils nous font mourir sous la torture », a-t-elle déclaré.

Dans plusieurs vidéos enregistrées dans la station de métro de Shademan, à Téhéran, on entend des gens dire que les forces de sécurité ont tiré des gaz lacrymogènes à l’intérieur de la station. Les bombes de gaz lacrymogènes sont utilisées sans discernement et elles peuvent causer de graves blessures et même tuer, en particulier quand elles sont utilisées dans un espace clos. Elles ne doivent être utilisées que dans le cadre d’une réponse ciblée à des actes de violence spécifiques, et jamais pour disperser des manifestants pacifiques. De plus, elles ne doivent jamais être utilisées dans un espace confiné.

Dans de nombreux cas, les agissements des forces de sécurité ont constitué une violation de l’interdiction absolue de la torture et des autres formes de mauvais traitements au titre du droit international.

Arrestations arbitraires

Des informations indiquent que des dizaines de personnes, y compris des étudiants de l’université, ont été arrêtées dans des villes où des manifestations ont eu lieu, notamment à Ahvaz, dans la province du Khuzestan ; à Esfahan, dans la province d’Esfahan, à Zanjan, dans la province de Zanjan ; à Amol et Babol, dans la province de Mazandaran ; à Bandar Abbas, dans la province d’Hormozgan ; à Kermanshah, dans la province de Kermanshah ; à Sanandaj, dans la province du Kurdistan ; à Mashhad, dans la province de Razavi Khorasan ; à Shiraz, dans la province de Fars ; à Tabriz dans la province de l’Azerbaïdjan oriental ; et à Téhéran.

Amnesty International a reçu des informations signalant que dans deux villes au moins, à Amol et à Téhéran, les autorités ont refusé de révéler aux familles de certains détenus le lieu où ils se trouvaient et le sort qui leur avait été réservé, ce qui constitue un crime de disparition forcée au regard du droit international.

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