Depuis la fin des vacances du Nouvel an iranien, les cas d’empoisonnements dans les écoles pour filles se multiplient de nouveau. Les observateurs attribuent ces crimes aux éléments du régime du guide suprême qui veulent ainsi atterrer la population et détourner son attention de la révolution pour le renversement du régime. Le récent renforcement de l’obligation de porter le voile pour les femmes est une autre mesure dans ce sens.
En effet, les dirigeants misogynes ont intensifié leur campagne pour faire appliquer le code vestimentaire obligatoire et ont déclenché une vague de mesures d’intimidation et de violence contre les femmes. Rappelons-nous que les femmes et les filles étaient à l’avant-garde des manifestations qui ont fait chanceler le régime misogyne.
Le président des mollahs, Ebrahim Raïssi, a qualifié le port du voile obligatoire de « question légale » et son ministre des Sciences a publié un communiqué interdisant « aux étudiantes qui ne respectent pas le port du voile d’avoir accès aux services éducatifs et sociaux ».
Gholamhossein Mohseni Ejei, le chef criminel de l’appareil judiciaire, a menacé les femmes et a ordonné à la police à faire preuve d’« aucune tolérance face aux délits (relatifs au voile) . Les agents doivent traiter les délits évidents et les autres irrégularité en public contraire à la loi et à la charia ».
Pendant ce temps, des magasins et des lieux publics sont mis sous scellés pour avoir accepté des femmes « mal voilées« , et une vidéo d’un agent en civil attaquant deux jeunes femmes avec du yaourt dans un magasin est devenue virale. Dans ce dernier cas, les autorités ont arrêté les deux victimes, scellé le magasin à Mashhad et les médias affiliés à l’État ont fait l’éloge de l’agresseur.
Maryam Radjavi, la dirigeante du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI, la coalition de l’opposition), a estimé que Khamenei avait commis un crime grave en empoisonnant systématiquement et largement des écolières innocentes dans différentes villes et régions d’Iran après les vacances de Norouz. « Cet acte a été commis pour contrer le soulèvement en créant un climat de terreur, d’autant plus que le rôle d’avant-garde des filles et des femmes dans le soulèvement des sept derniers mois l’a rendu furieux et qu’il se sent extrêmement frustré, » a-t-elle déclaré dans un communiqué.
Les écoles de filles sont touchées par des intoxications soudaines causées par des gaz ou des substances toxiques, provoquant des malaises et des évanouissements, parfois suivis d’hospitalisations. Un bilan officiel du 7 mars faisait état de « plus de 5000 élèves » intoxiquées.
Yahya Ebrahimi, un député du parlement des mollahs, a admis que 26 provinces et 245 écoles étaient concernées et que ces bombes à gaz n’étaient larguées que dans des écoles de filles, ce qui signifie qu’ils agissaient sur un segment spécifique de la population avec des objectifs spécifiques. Le directeur général de l’éducation du régime dans la province d’Azerbaïdjan occidental a déclaré le 4 avril à l’agence Irna : « dans une école de Naqadeh, environ 50 élèves ont souffert de symptômes d’empoisonnement et ont été transportées à l’hôpital et prises en charge. »
Mme Radjavi a appelé la mission d’enquête internationale et les organisations des Nations unies concernées, telles que l’UNICEF et les rapporteurs spéciaux sur les droits humains et les violences faites aux femmes à mener des enquêtes indépendantes et à prendre des mesures immédiates pour mettre un terme à ce grand crime qui dure depuis cinq mois.
Depuis décembre 2017, l’Iran a été le théâtre de multiples soulèvements ; janvier 2018, novembre 2019, janvier 2020, sans compter les nombreuses protestations des diverses couches de la société sur tout le territoire. Certes, les années pandémie ont contribué à ralentir l’expression d’un peuple en colère, le pouvoir exploitant à merveille le virus pour endiguer, voire éliminer, les velléités de révolte populaire.
Mais le feu couvait sous la cendre et le dernier trimestre 2022 a vu la flamme de la colère embraser tout un pays et marquer un véritable tournant dans l’histoire des confrontations entre le régime théocratique et ses opposants. La question du voile obligatoire a été le déclic.
La violence contre les femmes, les hommes, les adolescents et même les enfants ne peut plus être dissimulée. Les kidnappings, les tortures, les assassinats dans l’ombre et les exécutions au grand jour sont inquiétants.
Pour éteindre la flame de la révolte le régime est prêt à toutes les perfidies et crimes, dont le gazage des écolières et le renforcement de l’obligation de porter le voile n’en sont que les prémices.
Notre caricaturiste Pirouz dessine ce drame à sa façon dans des planches :