IranFemmes"Football Under Cover" ou la folie du foot iranien...

« Football Under Cover » ou la folie du foot iranien au féminin

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Elles courent, dribblent, marquent des buts, jubilent, vont saluer leur public en liesse. Et portent le foulard islamique. Noir pour les Iraniennes, blanc pour les Allemandes du quartier berlinois de Kreuzberg venues les rencontrer pour un match amical en avril 2006.

Leurs shorts sont des pantalons, leurs maillots des tuniques à manches longues. Mais le mot d'ordre, défendre son pays, est le même que dans tous les stades du monde: "Iran, Iran!", hurle la foule tandis que l'équipe adverse, l'Allemagne, est avertie: "L'Iran va te faire la fête!".

Un millier de personnes, des femmes seulement, se sont massées dans les travées du stade Ararat de Téhéran ce 28 avril 2006. Le moment est historique: c'est la première fois que l'équipe iranienne de football féminin joue dans un stade en plein air depuis la Révolution de 1979.

Dans un pays où la population est folle de ballon rond, le football féminin s'est jusqu'ici toujours joué en salle et sans public.

"Le football féminin est un tabou" en Iran, a expliqué le co-réalisateur du documentaire, l'Iranien Ayat Najafi, au quotidien Taz. "Les femmes sont autorisées à assister aux matches de basket ou de volley. Mais dans les stades de foot, elles n'ont même pas le droit de rentrer. Je ne sais pas pourquoi c'est comme ça", ajoute ce trentenaire qui a réalisé "Football Under Cover" avec l'Allemand David Assmann.

Les deux jeunes réalisateurs ont suivi tous les préparatifs de ce match. Et qu'ils furent fastidieux! La caméra fait sans cesse la navette entre Berlin où se préparent les jeunes femmes de l'équipe "BSV Al-Dersimspor" et Téhéran, où une administration kafkaïenne donne son accord, puis refuse avant d'autoriser à nouveau le match.

La caméra filme avec tendresse cette jeunesse berlinoise facétieuse et drôle, et cette jeunesse iranienne un peu insolente, qui porte des jeans et des baskets sous les tchadors.

Elle s'attarde longuement sur le regard bleu de Nilofaar, jeune étudiante de Téhéran qui clame sa soif de liberté: "I do everything I want" ("je fais tout ce que je veux") et rêve dans son sommeil que David Beckham parle farsi.

Elle se déguise en jeune homme pour aller s'entraîner dans les parcs, une casquette Puma enfoncée sur les yeux, un blouson informe cachant toute forme féminine.

Elle ne sera finalement pas retenue dans la sélection nationale. Officiellement parce qu'elle est trop frêle.

Le documentaire n'est pas destiné à être montré en Iran. Mais que risquent-elles, ces jeunes femmes, à montrer à la caméra leur envie de liberté?

Dans le stade en délire, on aperçoit les ongles peints, les cheveux teints sous le voile qui glisse, les lunettes de soleil de star. Les femmes s'expriment devant la caméra: "Nous voulons avoir le droit de rentrer dans les stades". "En tant que femmes, nous n'avons que la moitié des droits".

"Faites ci, faites ça, c'est que pour nous, ça! Ne danse pas, ne va pas au stade, sois polie. Mais les hommes ont le droit d'aller dans les stades et faire ce qu'ils veulent", lance l'une d'elle.

Parce qu'il est un homme, le directeur du club de foot berlinois n'a pas eu le droit d'assister à la rencontre. Il en est réduit à espionner entre les interstices de la barrière d'entrée. La scène est aussi drôle qu'absurde: la peinture de la barrière est fraîche, il s'en met sur le nez.

Il se voit ensuite interpellé: "lui, là, il n'a pas le droit de regarder!". Lui, le directeur d'un club de foot n'a pas le droit de regarder ses joueuses évoluer sur le terrain.

 
 

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