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A la foire du livre de Téhéran, c’est Barbapapa contre le Jihad

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AFP, Téhéran, 9 mai – par Stefan SMITH – Cette année à la foire du livre de Téhéran, la littérature enfantine et les écrits de Jean-Paul Sartre jouxtent les publications des groupes pro-palestiniens expliquant « comment tuer un Israélien ».
Le visiteur peut y trouver un peu de tout: quand il a passé les manuels de décoration intérieure, les logiciels, il arrive, à deux pas du stand de l’édition pour les petits, à celui du groupe radical palestinien Jihad islamique.
S’il pousse un peu plus loin, il découvre que le Hezbollah chiite libanais et le Hamas, un autre mouvement islamiste palestinien, comptent ici au nombre des grands de la publication.
« Tous les ans, nous avons notre stand ici », explique un exposant du Hamas. Ses clients peuvent acheter des tee-shirts à l’effigie du chef spirituel défunt du mouvement, cheikh Ahmad Yassine, des bandeaux de candidats au suicide ou encore des portraits de Palestiniens « qui se sont fait exploser en morceaux ».
La ligne éditoriale de la maison pourrait être qu’ils « se sont fait sauter pour rendre la vie des autres meilleure », explique le représentant du Hamas, qui possède un bureau en Iran, « ainsi qu’un compte en banque pour les dons ».
Non loin de là, les exposants du Jihad islamique semblent s’ennuyer un peu. Nombre de visiteurs, venus au dernier endroit où l’on se bouscule dans Téhéran faute de distractions, se résignent à l’acquisition des albums de Barbapapa plutôt qu’à celle d’une histoire de la Palestine ou d’un cédérom sanglant sur « les opérations des volontaires pour le martyre ».
La République islamique a érigé en dogme son soutien à la cause palestinienne, du fait de son anti-américanisme.
Certains éditeurs américains sont là pourtant, en tout cas leurs agents iraniens. Et ils attirent du monde.
Mais ils ne sont pas les seuls: MacMillan, Routledge, les presses universitaires d’Oxford et de Cambridge, Penguin, Taschen, pour n’en citer que quelques-uns.
Ils proposent une gamme de revues d’architecture, d’ouvrages universitaires, et de tout ce qui a passé la censure des autorités iraniennes.
Car la profession n’expose pas ce qu’elle veut et certainement pas les livres jugés politiquement incorrects, les couvertures immorales ou les atlas représentant l’Etat d’Israël au lieu de la Palestine.
La manifestation n’en est pas moins populaire, chez les jeunes en particulier. Elle leur donne la chance rare d’acheter, à prix cassés et subventionnés, quelques-unes des nouveautés de l’édition internationale.
Elle satisfait aussi leur appétit d’ouverture au monde. La plupart des services culturels des ambassades étrangères promeuvent leur pays avec le matériel qui a réussi à passer la douane.
Pour séduire le chaland, le Hezbollah expose, lui, un fusil d’assaut, un peu rouillé mais authentique. « Pris aux sionistes dans le sud du Liban », explique le responsable du stand. Il faut croire que l’argument est convaincant: « Nous avons eu beaucoup de monde et nous avons vendu presque tous nos livres en deux jours », dit-il.
La compétition est rude parmi les livres et cédéroms pour enfants.
Pour ne pas être en reste, le Hezbollah a pensé aux petits. Il leur propose le cédérom « Resistance Boy: le gars d’Al-Qods » (Jérusalem). « C’est un jeu pour enfants. Le but est de descendre des avions israéliens et d’autres cibles », explique le vendeur.
Pour les adultes, il conseille « Special Force », un jeu en trois dimensions dont d’habiles programmateurs ont transformé les « aliens » en Israéliens. Le but du jeu: mourir.
La foire internationale du livre de Téhéran est ouverte gratuitement aux visiteurs de tous les âges jusqu’au 14 mai.

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