IranIran (actualité)Présidentielle en Iran, une élection fantoche en terre Chiite

Présidentielle en Iran, une élection fantoche en terre Chiite

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Présidentielle en Iran, une élection fantoche en terre Chiite

par Chroniqueshumaines (son site)

Publié dqns Agora Vox – Vu d’ici, il semblerait que les Iraniens aient réélu au suffrage universel le président en place Hassan Rohani qui gouvernera le peuple Iranien pour quatre années de plus, bref la démocratie a fait son office. Sur le papier occidental c’est joli, mais voyons ce qu’il en est de la réalité.

Bienvenue dans ce qui fût autrefois le cœur de l’Empire perse ; ce peuple vit toujours avec cette culture dans les veines. L’Iran est un pays islamisé mais pas arabisé et il ne l’a jamais été. L’histoire de l’Iran est une des plus passionnantes qui soit. De Persépolis à Téhéran, l’Iran qui nous intéresse est celui d’aujourd’hui même si chacun devra s’acquitter d’une étude de son passé pour comprendre ce qu’il est devenu. Je dis souvent que nous voyons le monde en fonction de notre propre réalité et le résultat c’est que notre vision des événements et notamment politiques qui ont lieu à l’étranger, est souvent erronée. Et c’est ce qui se passe si l’on considère que l’élection présidentielle iranienne est semblable à ce que nous connaissons chez nous, car bien sûr cela est faux et même archi-faux ! Attention je ne dis pas que notre système est meilleur, je dis simplement que ce n’est pas la même chose.

La première chose à savoir c’est que le président iranien n’est pas le chef de l’État. Depuis la révolution islamique et la fuite du dernier monarque : Mohammad Reza Chah dont l’héritier vit aujourd’hui en exil aux États-Unis, le chef de l’État c’est le Guide de la révolution ou Guide suprême. Celui-ci doit être un Chiite duodécimain (courant minoritaire dans le monde mais très majoritaire en Iran), il est élu par « l’Assemblée des experts » qui regroupe 86 membres obligatoirement religieux et ce pour un mandat indéterminé, ce qui veut dire qu’il est élu à vie. C’est lui le véritable chef de l’État, le président a un certain pouvoir et influe sur la politique du pays mais rien ne se fait sans l’accord du guide suprême qui a droit de veto sur tout ! La loi doit être en conformité avec la constitution mais aussi la Charia.

Depuis la révolution l’Iran n’a connu que deux guides suprêmes, le premier et artisan fondateur de la république islamique : Rouhollah Khomeini jusqu’en 1989 et son héritier : Ali Khamenei toujours en poste donc et qui avait lui-même occupé la fonction de président entre 1981 et 1989.

Le guide suprême est le seul à pouvoir déclarer la guerre et tous les pouvoirs sont entre ses mains. C’est lui qui nomme et révoque notamment : le chef du conseil des gardiens de la Constitution (l’équivalent de notre conseil constitutionnel mais à consonance religieuse), les commandants des forces armées, le directeur de la radio et de la télévision et le responsable de la plus haute autorité du pouvoir judiciaire, lequel nomme à son tour le procureur général et le chef de la Cour suprême. Il peut aussi démettre le président de la République de ses fonctions. Il détermine la direction politique générale du pays, peu organiser des référendums y compris visant à modifier la constitution, il a aussi un droit de grâce. En résumé le guide suprême contrôle l’Armée, les services secrets ainsi que l’ensemble des organes politiques et judiciaires, le président lui s’amuse avec ce qui reste !

L’Iran est une théocratie dont le chef est un religieux chiite, ce n’est pas une démocratie même si le système Iranien laisse au peuple une certaine et infime marge d’expression. Bien sûr il y aurait beaucoup à dire sur l’ancien régime du Shah qui était entièrement sous emprise occidentale et notamment américaine mais suite à cette révolution ce sont les islamistes Chiites qui ont pris le pouvoir et si l’Iran est aujourd’hui une grande puissance économique et militaire malgré les pressions économiques, la longue guerre contre l’Irak dès le début de son existence (il y aurait là encore de quoi faire un article sur le rôle de l’oncle Sam dans cette histoire) et les embargos à répétition, l’Iran reste un pays où les mots liberté et égalité n’ont pas une grande signification. Toutefois je tiens à préciser que l’Iran est l’Iran, ce peuple a une culture qui lui est propre et je n’entends pas juger leur mode de vie, mais il est important de comprendre que nous ne pouvons pas cerner un pays comme l’Iran en le percevant comme un régime parlementaire et laïc. C’est une théocratie qui construit sa législation en fonction d’une certaine lecture des écritures saintes.

Venons-en maintenant au président qui est donc aujourd’hui et pour un deuxième mandat Hassan Rohani. Déjà il faut arriver à se présenter, cela ne se passe pas comme chez nous, il ne s’agit pas de récolter 500 signatures c’est le Conseil des gardiens de la Constitution dont la moitié des membres sont des dignitaires religieux nommés par le guide suprême qui choisit les heureux candidats, autant qu’ils n’ont pas intérêt à vouloir desservir le pouvoir de celui-ci. Cette année ce ne sont pas moins de 1636 candidats dont 137 femmes qui ont déposé leur demande et seulement 6 ont été validés ! Aucune femme dans l’histoire de la République islamique n’a jamais été admise au suffrage mais n’oublions pas que ni la France, ni les États-Unis n’ont jamais confié leur destin à une femme même si cela n’excuse rien il faut accorder à l’Iran une volonté d’intégration plus importante pour les femmes, notamment en matière d’éducation que dans certains pays Sunnites comme le Pakistan ou l’Arabie Saoudite (partenaire privilégié de l’Occident).

Conclusion : élection présidentielle ou pas, l’ayatollah Khamenei reste le véritable chef de l’État iranien et c’est entre ses mains que se trouve l’avenir de cette adversaire désormais historique d’Israël et des États-Unis. Dans un contexte de mondialisation forcée et de radicalisme islamiste dans plusieurs pays voisins, l’Iran sera sans doute un élément capital dans le maintien ou non de la paix future dans cette région du monde. Encore une fois je ne juge pas leur situation, je me contente d’en rendre compte.

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