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Mondial-2006 – L’Iran attend le grand jour, et ce n’est pas de la politique

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AFP, Téhéran, 5 juin – par Laurent LOZANO – Le régime islamique réclamait une mobilisation « en masse » en juin, et c’est une lame de fond que pourrait soulever sur l’Iran, non pas la présidentielle, mais la qualification pour la Coupe du monde de football 2006.

Depuis vendredi, l’Iran retient son souffle. Les prochains jours sont décisifs pour l’avenir.
Non, les Iraniens ne se demandent pas, remplis d’angoisse, si Akbar Hachémi Rafsandjani sera leur prochain président au soir du 17 juin, comme tout le monde le dit. L’équipe nationale de football prendra-t-elle mercredi au stade Azadi de Téhéran l’unique point nécessaire à sa participation au Mondial en 2006 en Allemagne ? Voilà ce que demandent les Iraniens. Et ils savent que si elle bat ou fait match nul avec le modeste onze de Bahreïn, la fête n’aura pas de précédent dans l’histoire récente du pays.
« Ce sera la folie, une fête nationale », clamait vendredi un groupe de jeunes supporteurs à la sortie d’Azadi malgré la médiocre mais ô combien suffisante victoire tout juste obtenue contre la Corée du Nord (1-0).
« La magnitude de 1997 sera multipliée par dix », dit l’employé Seyed Mohsen Hosseini dans un pays qui possède une douloureuse expérience des séismes.
1997 reste une référence
L’Iran chérit pourtant le souvenir de ce match de barrage. L’Australie menait 2 à 0, l’Iran avait égalisé en seconde mi-temps et s’était qualifié.
« Mais c’était en Australie », relève Hosseini. Cette fois, ce sera au vétuste mais colossal Azadi, anciennement « mémorial du chah », qui l’a fait construire; 100.000 fanatiques pavoiseront les tribunes de vert, blanc et rouge, sous les portraits de l’imam Khomeiny et de l’ayatollah Khamenei. Le président Mohammad Khatami, fait exceptionnel pourrait être dans les tribunes.
« Je serai au stade à 07h00 », annonce le maçon Behrouz Fathi (le match est prévu douze heures plus tard). « Le foot, c’est ma vie », comme pour tant d’Iraniens, qui oublient l’âpreté de leur vie quotidienne dans l’admiration et l’imitation de Mehdi Madhavikia et Vahid Hachémian, mais surtout de Zidane, Ronaldinho et Beckham.
« Aucune sensation n’est comparable » à celle que Fathi se promet mercredi.
Pourtant, 1997 reste une référence: « C’était du jamais vu. Les gens sont descendus dans la rue spontanément, rien à voir avec les grandes manifestations officielles. Les femmes dansaient, sans que les policiers n’interviennent. A Machhad (grande ville religieuse de l’est), j’ai vu des mollahs sortis des voitures par les gens et dansant avec eux », se rappelle un journaliste.
« C’était comme une réconciliation, pas le moindre blessé, pas d’arrestation, la police facilitait les célébrations ».
« Les Iraniens méritent de vivre mieux »
De là à penser qu’une qualification influencerait la présidentielle… « Le sentiment national », que les Iraniens ont à fleur de peau, « sera beaucoup plus fort », dit Hosseini. « Mais ça n’a rien à voir », ajoute-t-il, « je voterai comme je le dois, en bon musulman ».
La politique n’est pas absente à Azadi. Les tracts des candidats jonchent les alentours de l’enceinte. Un d’eux a disposé de part et d’autre de l’entrée ses affiches géantes représentant des supporteurs peinturlurés aux couleurs iraniennes, avec ce slogan: « Les Iraniens méritent de vivre mieux ».
A la pause du match contre la Corée du Nord, les haut-parleurs ont diffusé un discours du Guide appelant ses compatriotes à aller voter nombreux « pour gifler les oppresseurs et les Américains ».
L’historique victoire, sportive, contre les Américains lors du Mondial de 1998, n’est pas oubliée elle non plus. La télévision d’Etat avait diffusé les images à satiété. De nouvelles scènes de liesse ne feraient pas mauvais effet, quand le régime s’inquiète de l’abstention.
Behrouz Fathi dit qu’une qualification agira « à 100% » sur son comportement le 17 juin. On n’en saura pas plus, ses propos sont couverts par les protestations violentes de ses copains: « Les élections, on s’en fout ».

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