Iran Focus, Téhéran, 24 juin – Par Mehdi Akhoundeh – Malgré les effets dannonce dune forte affluence au deuxième tour de lélection présidentielle, les informations provenant des quatre coins du pays indiquent que les Iraniens ont encore créé la surprise en boudant ce deuxième tour.
Au bureau de vote Amir Abad Chomali, dans le nord de Téhéran, les passants se moquent des regards impuissants des employés devant labsence délecteurs. « Je ne vois rien qui puisse me pousser à aller voter pour des gens qui ne changeront rien à notre vie, confie une jeune passante. Dailleurs ce ne sont pas les candidats des Iraniens. Ils ont été désignés par quelquun dautre ».
Même tendance dans les bureaux de vote du sud de la capitale. Mais surtout en province, dans les grandes villes, où labstention saute aux yeux. Les estimations dans lensemble du pays avancent un taux de participation moitié moindre quau premier tour.
Comme quoi les promesses dargent et denrichissement lancées par les deux candidats nont pas poussé les Iraniens aux urnes. Beaucoup en effet considèrent quil sagit dune mise en scène du pouvoir « bourrée de fraudes et de magouilles », comme dit un commerçant du Bazar de Téhéran. .
Le vote a commencé à 9h vendredi matin. Il sagit de choisir entre le religieux conservateur Ali Akbar Hachemi Rafsandjani et lancien maire de Téhéran lultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad.
Le scrutin est plus quimprévisible, même si aux premières heures ce sont les partisans de Rafsandjani qui se sont déplacés. Depuis 17h, heure locale, se sont les miliciens du Bassidj et les proches des infrastructures paramilitaires du régime qui se déplacent vers les urnes avec pour consigne de voter Ahmadinejad comme au premier tour.
« C’est une compétition très serrée, mais je crois être légèrement en tête », a dit Akbar Hachemi Rafsandjani après avoir voté dans le nord de Téhéran.
Tout porte à croire que les appels de Rafsandjani pour apparaître comme le sauveur face à un déferlement de « Taliban » nont pas eu leffet escompté et selon tous les observateurs, les deux hommes seraient au coude à coude.
« Si Dieu le veut, ce jour marquera le début d’une nouvelle ère dans la vie politique de la nation iranienne », a répondu Mahmoud Ahmadinejad, quand il est arrivé pour voter dans une mosquée de l’est de la capitale.
Les bureaux de vote sont ouverts jusqu’à 19h00 (14h30 GMT) mais comme il est de coutume dans la République islamique pour faire croire à une affluence massive, le ministère de lintérieur pourrait prolonger le scrutin de plusieurs heures.
Les premiers résultats devraient être connus tôt ce samedi.
Pour rassurer les occidentaux inquiets dune élection dAhmadinejad, le président sortant Mohammad Khatami a déclaré : « Il n’y a pas de raison de s’inquiéter », en signifiant que les décisions stratégiques sont prises « au plus haut niveau », c’est-à-dire par le guide suprême.