Iran Focus, Londres, 26 juin Le nouveau président iranien Mahmoud Ahmadinejad, a rencontré à huis clos le guide suprême du pays, layatollah Ali Khameneï, pour tracer la politique du nouveau gouvernement, alors que la victoire des ultras continue à faire des vagues dans les milieux politiques en Europe et à létranger.
Lancien président Rafsandjani a tenu une longue réunion avec ses proches alliés et assistants la nuit dernière pour discuter de leur avenir, après une défaite humiliante vendredi.
Rafsandjani, dont lavenir politique est désormais incertain, a annoncé quil formait un nouveau groupe politique, le front de la modération islamique.
« Quand jétais jeune, je me souviens davoir assisté à un discours de limam Khomeiny qui disait que nous devons toujours agir avec modération, plutôt que dagir de manière extrémiste ou fanatique », a déclaré Rafsandjani.
Le religieux de 70 ans, un des plus proches confidents de Khomeiny, a estimé que le résultat de lélection de vendredi « doit être évalué en termes dintérêts de la révolution islamique ».
« Nous avons besoin dune organisation », a dit lancien président à ses collaborateurs reconnaissant implicitement que la victoire dAhmadinejad était le résultat dun effort organisé par la machine des gardiens de la révolution et du Bassidj paramilitaire dans tout le pays.
Un des collaborateurs de Rafsandjani a accusé les proches parents de ce dernier davoir « créé des problèmes ». « Ces gens vous ont toujours créé des problèmes et vous avez payé un prix élevé pour leurs prises de positions et leur comportement », a-t-il dit lors de la réunion.
Un jour après que Rafsandjani ait vivement attaqué le Conseil des Gardiens et accusé le cercle de confidents de Khameneï de sa propre défaite électorale, un membre éminent du parlement a durement répliqué.
Emad Afrough, président de la commission culturelle du parlement et allié de Khameneï, a affirmé dans un discours au Majlis : « Nous avons vu comment le candidat rival (Rafsandjani) est entré dans la course avec toute sa puissance, tout son clan, et toutes ses ressources, au nom dune « coalition nationale ». Mais cétait très superficiel et faux ».
« Ceux qui disait de lui quil était un symbole de la dictature ont soudain changé de position, parce quils ont senti quils étaient en danger », a dit Afrough aux députés. « Ils ont commencé à dire quil était le symbole de la liberté et de la modération. Certains des soi-disant intellectuels ont essayé de polariser le paysage politique en disant que lautre côté (les alliés de Khameneï) était le symbole de la dictature, du fascisme et du fanatisme. »
« Le moins quon attendait (de Rafsandjani) cest quil prenne position contre la vague de soutiens des libéraux, des nationalistes religieux, des valets des puissances occidentales et des ennemis de la révolution islamique et de feu limam », a ajouté lallié de Khameneï. « Nous attentions de lui quil prenne ses distances, dun point de vue politique et de loyauté vis-à-vis des objectifs révolutionnaires et islamiques. Mais il ne la pas fait et jespère que ça lui servira de leçon. »
Les analystes considèrent cette attaque sans précédent contre Rafsandjani à la tribune du Majlis par un partisan connu du Guide Suprême comme un coup de semonce à lancien président.
« Ils ont dit à (lancien président du Majlis Mehdi) Karroubi de la fermer, et il la fait. Ils disent à Rafsandjani de faire la même chose », dit Nader Poursani dIran Monitor, un journal sur les affaires iraniennes basé à Londres.
« Les ultras, dont la plupart viennent des gardiens de la révolution, aiment à parler en jargon militaire et appeler à ces opérations de nettoyage », ajoute Poursani.
Mais le camp des ultra est lui-même divisé, car les diverses factions se battent pour obtenir un maximum de parts du pouvoir dans le gouvernement dAhmadinejad, qui devrait être présenté au parlement dans la première semaine du mois daoût.
« Pendant plus de dix ans depuis la mort de Khomeiny en 1989, la seule certitude sur le paysage politique iranien était que le duo Khamenei-Rafsandjani tiendrait et agirait comme lancre du régime dans les temps difficiles », dit Poursani.
« Cette certitude appartient désormais au passé. Tout le monde peut spéculer sur ce qui arrivera par la suite. »