Iran Focus, Téhéran, 27 juin Des décennies de pouvoir autoritaires ont forcé les Iraniens à innover dans les moyens de sexprimer. Les correspondants dIran Focus dans cette capitale tentaculaire ont sondé le climat ambiant comme on peut le voir avec les graffiti ou lentendre dans les commentaires et les plaisanteries.
– « Premier tour : Les sept samouraïs, second tour : Le Prince et le Pauvre » (un graffiti dans le quartier Narmak faisant allusion au premier tour de lélection avec sept candidats et le duel final entre lancien président Rafsandjani lultra conservateur Mahmoud Ahmadinejad).
– Une interview avec Ahmad Bozorguian, député et proche collaborateur du nouveau président Mahmoud Ahmadinejad :
Question : Une des premières choses qua faites M. Ahmadinejad quand il est devenu maire de Téhéran a été dordonné la ségrégation sexuelle dans les ascenseurs. Pensez-vous quil en fera désormais une politique à léchelle nationale ?
Réponse : En quoi ce serait mal ? Il a été prouvé que si les hommes et les femmes sont séparés dans les établissement scolaires, ils ont de bien meilleurs résultats. Quand on sépare les garçons et les filles, ce nest pas parce quon ne leur fait pas confiance. Nous voulons les protéger davantage.
(Extrait du journal Chargh, collé sur la vitre dun autobus)
– Ecrit sur le mur dun hôpital près de la place Tadjrich, dans le nord de Téhéran : « Trois choses à faire pour notre nouveau président : 1- Se laver les dents tous les jours, 2- Prendre une douche de temps en temps, 3- Sacheter un nouveau costume. »
– « Pas de Rahbar, Pas de Akbar, Pas de Antar » : un énorme graffiti sur le mur dun lycée près de la place Azadi (Rahbar signifie dirigeant en persan et désigne le guide suprême Ali Khamenbeï, Akbar désigne Ali-Akbar Rafsandjani, et Antar signifie Singe en persan. Cest devenu une manière très populaire entre les jeunes téhéranais pour désigner Mahmoud Ahmadinejad.)
– Entendu dans un taxi : Un journaliste étranger vient à Téhéran pour couvrir lélection. Il va dans une mosquée avec son guide et voit des gens faisant la queue pour de la nourriture.
« Si cest là où les gens mangent, où est-ce quils prient ? » demande-t-il.
« A luniversité de Téhéran, si vous voulez parler de la prière du vendredi », répond le guide.
« Sils prient dans les universités, où vont les étudiants et les professeurs ? », sétonne le journaliste.
« Ils sont en prison. »
« Alors où sont les criminels ? »
« Mais vous pensez que le pays est dirigé par qui ? » demande le guide.
– Ecrit sur une grande bannière officielle près de la place Vali-e-Asr : « Ahmadinejad : la liberté qui existe en Iran nexiste nulle part ailleurs au monde. » Un graffiti ajoute : « liberté de tuer ».
– Ahmadinejad et Khatami se détestent cordialement. Une fois, Khatami est arrivé avec une heure de retard à une cérémonie à luniversité de Téhéran où il devait recevoir une distinction honorifique. « Si seulement le maire de Téhéran pouvait faire quelque chose pour alléger la circulation, les gens narriveraient pas si tard dans les réunions » a-t-il dit au public.
Ayant appris cela, Ahmadinejad a répliqué : « Si le président utilisait son bureau du centre de Téhéran plutôt que le Palais (royal) de Saadabad dans le nord de Téhéran, ça lui prendrait quelques minutes pour venir à luniversité. »
– Une citation à retenir :
« Les organisations militaires ont fait un excellent travail avec cette élection. Elles ont si bien réussi à faire élire leur candidat favori que la prochaine fois, ça ne sera même pas la peine de faire une élection. Les gardiens de la révolution et le Conseil des gardiens auraient pu tout simplement annoncer le résultat à lavance. Ça aurait été bien plus transparent. »
Rassoul Montajebnia, un ancien haut responsable et membre de lassociation du clergé combattant.