la Voix du Nord, 28 juin – Depuis le QG du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI) et des moudjahidines du peuple à Auvers-sur-Oise, Maryam Radjavi, «présidente de la république élue par la résistance iranienne» commente à sa façon les élections présidentielles dans son pays.
Lépouse de Massoud Radjavi, fondateur du CNRI, espère que le nouveau durcissement du régime en précipitera la chute, avec ou sans laide des Occidentaux
Comment expliquer cette défaite des réformateurs?
«Ce quon a appelé les réformes nétait quun cheminement de huit années faisant passer dun fascisme religieux à un autre. Ceux qui ont soutenu Khatami lui ont donné à tort le nom de démocrate religieux. Vendredi, il y a eu un boycott massif des élections par la population iranienne. Des fraudes massives ont été rapportées par nombre de journalistes étrangers sur place. Le boycott est un «non» historique au régime des mollahs et un «oui » à des changements démocratiques en Iran. Les Iraniens ont démontré que rien ne les satisferait plus quun renversement de la dictature religieuse et le retour de la souveraineté populaire et de la liberté.»
Lélection dun «ultra» peut-elle accélérer ce renversement?
«Nous pensons que cela va accélérer le processus. Cest un tournant incontestable et irréversible.»
Avec laide des États-Unis?
« Le mécontentement populaire et laccentuation de la répression vont donner cette accélération. Bien sûr, les États-Unis et lEurope pourraient, avec une politique de fermeté, aider le peuple iranien. Malheureusement, jusquà présent, par une politique de complaisance, ils nont fait que freiner et même faire obstacle. La domination totale que lon observe aujourdhui des clans les plus enragés du régime des mollahs est un résultat de cette politique de complaisance des Occidentaux à légard du régime. Cette politique était censée promouvoir les réformistes en Iran et elle a eu un résultat exactement contraire. Aujourdhui, nous avons un membre des pasdarans (gardiens de la révolution) à la tête de lexécutif. Voilà le résultat de cette politique dont la France a été un des meneurs. Aujourdhui, la complaisance doit arrêter.»
Faut-il craindre une escalade dans le programme nucléaire?
«Comme le régime la déjà annoncé, ses activités nucléaires vont augmenter, ainsi que la répression à lintérieur et lexportation du terrorisme. Dimanche, Mahmoud Ahmadinejad a alerté les Européens en leur disant de «sortir de leur tour dIvoire» et de sadapter à sa politique. Cela signifie quil attend davantage de concessions de ses interlocuteurs européens.»
On accuse votre mouvement de dérive sectaire et de culte de la personnalité
«Là où létiquette de terrorisme accolée par les mollahs à notre mouvement sest trouvée dans une impasse, faute de preuves, la campagne de diffamation sest tournée vers le sectarisme. Pour quiconque connaît la définition dune secte, les activités de notre mouvement nont rien à voir avec cela. Dabord parce que nous luttons pour une cause sociale. Ensuite parce quavec nos deux cents bureaux de représentation dans le monde, nous sommes un mouvement toujours ouvert aux journalistes, aux personnalités politiques, aux parlementaires. À notre rassemblement du 18 juin à Cergy, qui a réuni 20 000 Iraniens et leurs amis français, il y avait de nombreuses personnalités politiques parmi lesquelles Alain Vivien, qui a présidé la commission interministérielle de lutte contre les sectes. Son soutien sans équivoque était très significatif pour démonter que cette étiquette sectaire ne correspond pas du tout à notre mouvement.»
Propos recueillispar Hervé FAVRE