Sept candidats, tous des hommes et pour la plupart conservateurs, s’affrontent le 18 juin lors du premier tour de l’élection présidentielle en Iran. Le gagnant succédera à Hassan Rohani, au pouvoir depuis 2013 et dont les deux mandats se soldent par un échec, notamment sur la question de l’économie. L’Iran souffre d’une inflation galopante, d’un taux de chômage élevé et d’une chute de son PIB.
Les Iraniens sont totalement désintéressés de l’élection organisée par les mollahs. Trois ans après le soulèvement des Iraniens contre la dictature, l’espoir de voir un changement politique de l’intérieur du régime a été déçu. Les Iraniens ont compris qu’ils ne peuvent pas négocier avec un pouvoir qui s’est radicalisé et enfermé sur lui-même contre le peuple. Les activistes ont fait un appel au boycott du vote. De nombreuses personnes ont décidé de ne pas sortir de chez elles.
Durant les débat, les candidats à la présidentielle iranienne se sont accusé mutuellement de corruption et d’autres crimes, ce qui a montré à quel point les luttes intestines de la théocratie au pouvoir augmentent considérablement alors qu’ils luttent pour conserver le pouvoir.
Un candidat, Mohsen Mehralizadeh, a expliqué comment le mécontentement de la population à l’égard du système actuel signifie que le plus petit des problèmes sociaux déclenche des manifestations et devient même une crise à part entière, soulignant l’augmentation du prix du carburant qui a précédé les grandes manifestations de novembre 2019.
Il a dit : « Regardez les cas d’individus comme Isa Sharifi, qui a été un afidé du président du parlement Mohammad Bagher Ghalibaf. Il a été laissé sans surveillance pendant quatre ans et a détourné des milliards de tomans. Personne ne s’y intéresse. Regardez le cas de Babak Zanjani. Si ces cas étaient clarifiés, les gens auraient fait confiance. »
Mehalizadeh a ensuite admis que l’appel du peuple au boycott des élections grandissait de jour en jour parce que le peuple n’était pas satisfait.
Ebrahim Raïssi est donné comme le favori, mais la grande gagnante du scrutin devrait être l’abstention. Un récent sondage des opposants estime que le taux de participation ne devrait atteindre que 20%. Ce sont seulement les gens les plus acquis au régime islamiste, une minorité, qui vont aller voter. C’est pour cela qu’Ebrahim Raïssi est donné comme gagnant, parce qu’il est ultraconservateur et qu’il plaît à ceux qui vont se déplacer. Un signe du rejet de la classe politique par la population, désabusée après la répression des manifestations populaires de 2018, qui réclamaient de meilleures conditions de vie.
La question de la reprise des négociations avec les pays occidentaux et de la conclusion d’un accord qui empêcherait l’Iran de se doter de l’arme nucléaire est un autre volet de la campagne. Mais elle ne passionne pour autant pas les Iraniens.
Ebrahim Raïssi est le grand favori de cette élection. Cet ultraconservateur de 60 ans est le chef de l’autorité judiciaire depuis 2019 et avait déjà concouru lors de précédentes élections. Il est rejeté par une partie de la population pour son rôle dans des purges datant du début de l’installation de la république islamique. Le rôle du président est de toute façon limité. Le pouvoir se trouve essentiellement entre les mains du Guide de la révolution. Ce poste de chef de l’Etat est occupé par l’ayatollah Ali Khamenei depuis 1989. Ce dernier contrôle directement l’armée, la police ainsi que les médias d’Etat. C’est également lui qui choisit quels candidats peuvent concourir lors des législatives et de la présidentielle.
La Résistance iranienne a estimé que les luttes intestines croissantes du régime reflètent la peur des responsables envers le peuple iranien qui a souligné qu’ils ne « pardonnent ni n’oublient » les quarante années d’oppression et de corruption des mollahs. Donc, les soi-disant candidats se battent pour plus de pouvoir afin de pouvoir piller davantage les richesses du pays.