The Guardian, 6 mai – Ewen MacAskill, rédacteur diplomatique – Jack Straw a fait deux erreurs cruciales vis-à-vis de Tony Blair: Lune impliquait les relations du Premier Ministre avec Gordon Brown et lautre lIran. M. Straw a plusieurs fois répété quil était « inconcevable » quil y ait une frappe militaire contre lIran et le mois dernier il a rejeté comme « dingue » un rapport que George Bush conservait sur la table en tant quoption et qui envisageait un recours à des armes nucléaire tactiques contre les sites atomiques de Téhéran.
Mais M. Blair, qui considère lIran comme la plus grande menace au monde, est en désaccord avec son ancien ministre des affaires étrangères. Le Premier ministre avance que, et ce serait vraiment la moindre des choses, il ne faut rien exclure pour garder lIran dans le brouillard. Downing Street a telephoné au Foreign Office à plusieurs reprises pour suggérer à M. Straw de cesser de paraître à lémission BBC Today pour y lancer des affirmations aussi catégoriques.
Son sort sest scellé quand la Maison Blanche a appelé M. Blair pour lui demander pourquoi le ministre des Affaires étrangères narrêtait pas de tenir ce genre de propos. Quoi quil en soit, M. Straw a lui-même appuyé sur le bouton du siège éjectable avec lIran, de telle manière quil aurait été obligé de démissionner si une frappe militaire devenait une réalité.
M. Blair a également été irrité par ce quil a vu de lopportunisme de M. Straw qui a fait basculer sa loyauté vers M. Brown avec une hâte particulière en pensant quil serait le prochain Premier ministre.
LIran est un des brûlots entre le Foreign Office et Downing Street. LIrak en est un autre. Et à eux deux, ils prendront la plus grande partie du temps de Margaret Beckett. Mme Beckett se rendra à New York lundi pour y rencontrer Condoleezza Rice, la Secrétaire dEtat américaine, avec laquelle M. Straw entretenait des rapports étroits, et ses contreparties en France, en Allemagne, en Russie et en Chine pour discuter dune nouvelle résolution sur lIran au Conseil de Sécurité.
Les premières questions que risquent de lui poser les medias seront si elle considère elle aussi loption militaire comme inconcevable.
Le Foreign Office a pris une raclée avec le Parti travailliste. Une partie de son portefeuille, le développement international, a été séparée en 1997 pour devenir une branche séparée, avec son propre ministre. A présent M. Blair a créé une structure de pouvoir jumelle au ministère des Aaffaires étrangères en nommant un ancien membre du gouvernement, préalablement à un poste relativement mineur, ministre des Affaires européennes.
Malgré limportance des relations avec Washington, le gros du commerce britannique se fait avec lEurope, comme se fera lavenir politique du pays. La présidence britannique de lUE, bien quil y ait eu un accord à la fin, a été pleine dembûches.
Il existe un potentiel de friction en créant un poste européen plus important, mais les personnalités de Mme Beckett et de Geoff Hoon, deux loyalistes du gouvernement, ne laissent pas penser quil y aura un conflit.