The Washington Times
De Katie Stuhldreher
Les jeunes Iraniens se tournent de plus en plus vers Internet pour exprimer leur mécontentement dans le régime radical qui place le développement nucléaire et la confrontation avec lOccident avant la croissance économique et lemploi, selon une analyse récente.
Il existe maintenant 70 000 blogs en farsi sur Internet, dont approximativement la moitié proviennent dIran, selon une étude réalisée par le Washington Institute sur la Politique du Proche-Orient et publiée la semaine dernière.
« Comment se fait-il que nos avions sécrasent, que nos immeubles sécroulent à la moindre secousse, que nos voitures partent en fumée, que nous nayons même pas un seul stade aux normes dans tout le pays, mais que quand il sagit dénergie nucléaire, ce soit une question nationale ? », a écrit un blogueur iranien anonyme cité dans létude.
Mehdi Khalaji, formé pendant 14 ans dans les séminaires cléricaux traditionnels dIran avant de sinstaller en Europe, a affirmé quun nombre croissant dIraniens pensaient que lattention du président Mahmoud Ahmadinejad sur le programme nucléaire iranien lavait fait négliger les besoins nationaux, tels que léconomie et le fort taux de chômage.
« LIranien moyen est plus préoccupé par le prix de la tomate que par le programme nucléaire », a affirmé M. Khalaji, présent au moment de la publication de létude.
Michael Herzog, général de brigade dans les Forces de défense israéliennes et auteur du rapport, a déclaré que le mécontentement croissant inquiétait les plus hauts rangs du gouvernement iranien. Le dissentiment général à légard du programme nucléaire pourrait devenir un gros handicap pour M. Ahmadinejad dans les négociations internationales, a-t-il dit.
« Il y a juste un an, lopinion conventionnelle voulait que la majorité des Iraniens soutiennent le développement du programme nucléaire. Dans son discours, [lancien secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale, Hassan »> Rowhani a déclaré quils craignaient de ne pas avoir le soutien de lopinion public et que cela pouvait causer de graves problèmes », a expliqué le général Herzog.
Certains blogueurs ont même tourné en dérision le slogan nucléaire du régime : « Lénergie nucléaire est notre droit indiscutable ». Le rapport cite des blogueurs iraniens et des manifestants publics dire : « Le chômage permanent est notre droit indiscutable » et « Un chef dEtat élu est notre droit indiscutable ».
Létude suggère que les Etats-Unis peuvent faire un meilleur usage de ces blogs, chaînes de télévision satellite, radios et autres moyens de communication que le régime refuse à la population, dont les deux tiers ont moins de 30 ans.
Les sujets évoqués incluent la pénurie duranium brut en Iran et des études montrant que les installations nucléaires ne sont pas suffisamment solides dans les zones sismiques iraniennes.
De plus, lanalyse affirme que les Iraniens doivent garder en mémoire quils pourraient payer un prix très fort pour la politique belliqueuse de son gouvernement sous la forme de sanctions, disolation mondiale, de répression continue et même de frappes militaires.
« Selon un sondage réalisé cette année par lIranian Students Polling Agency, 85,4 pourcent des personnes interrogées soutiennent le programme nucléaire. Mais lorsquon leur demande sils seraient toujours en sa faveur après un renvoi devant le Conseil de Sécurité de lONU, le chiffre nest plus que de 74,3 pourcent et même encore plus bas, 64 pourcent en cas de sanctions. De plus, seulement 55,6 pourcent des Iraniens soutiendraient le programme si le pays risquait de subir une frappe militaire », selon le général Herzog.
« Plus la communauté internationale fait pression sur lIran, plus le débat fait rage en Iran. Désormais, les dirigeants iraniens ressentent le besoin de mener des campagnes sur le terrain en faveur du programme. Ce qui ne veut pas dire quils comptent sur le soutien du public ou quils ne sen soucient guère », a-t-il dit.