Reuters, La Havane, 16 septembre – par Matthew Bigg – L’Iran, le Venezuela et d’autres pays opposés à la politique américaine se sont efforcés de forger un front commun, vendredi au sommet des non-alignés, même si cette ligne risque de déplaire à des pays qui, comme l’Inde ou le Pakistan, ont renforcé leurs liens avec Washington depuis les attentats du 11 septembre 2001.
Les interrogations sur l’état de santé de Fidel Castro ont dominé l’ouverture du sommet, mais le président cubain n’a pas profité de l’événement pour faire sa première apparition publique depuis que, le 31 juillet, il a confié provisoirement le pouvoir à son frère Raul, après avoir subi une opération intestinale.
La télévision cubaine a montré Fidel Castro accueillant son ami et allié Hugo Chavez, président du Venezuela, alimentant les spéculations sur sa possible venue au sommet.
Le ministre des Affaires étrangères, Felipe Perez Roque, a expliqué aux participants que la santé de Castro « s’améliore continuellement » mais que « les médecins ont insisté pour qu’il continue de se reposer, de sorte qu’il ne conduira pas la délégation cubaine au sommet ».
En l’absence de Fidel Castro, son frère Raul a présidé la réunion.
Le Mouvement des non-alignés, présenté par ses détracteurs comme un vestige de la Guerre froide, tente de redéfinir son rôle dans un monde dominé de plus en plus par les Etats-Unis.
Une partie des 118 membres des non-alignés réclament une réforme des Nations unies, qui doivent tenir la semaine prochaine leur Assemblée générale à New York.
LUTTE CONTRE LE TERRORISME
« Les Etats-Unis transforment le Conseil de sécurité en plate-forme pour imposer leur politique (…) Nous devons renforcer le Mouvement des non-alignés et il devrait jouer son rôle avec davantage d’efficacité », a déclaré le président iranien Mahmoud Ahmadinejad.
Le Venezuela a profité du sommet pour plaider sa cause afin d’obtenir un siège au Conseil de sécurité malgré l’opposition des Etats-Unis, et le président sud-africain Thabo Mbeki a de son côté plaidé pour une réforme de l’Onu.
Une quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement et les dirigeants de pays tels que la Corée du Nord doivent discuter d’un document soutenant le droit de l’Iran à la technologie nucléaire et d’un autre texte critiquant la guerre menée récemment par Israël au Liban.
Le Premier ministre indien Manmohan Singh a fait valoir que la lutte contre le terrorisme devait aussi figurer à l’ordre du jour du sommet.
Le sommet « ne peut se permettre d’équivoque à propos du terrorisme. Un message doit émaner de nous (montrant) que nous sommes unis dans notre désir et notre détermination à identifier et d’éliminer le fléau du terrorisme », a dit Singh.
Le président pakistanais Pervez Musharraf a déclaré pour sa part qu’il serait erroné et dangereux de désigner des pays musulmans comme seuls auteurs du terrorisme.
« Notre stratégie doit nettement s’opposer aux sinistres tendances à associer terrorisme et islam et à opérer des discriminations envers les musulmans, qui ont donné lieu à une inquiétante aliénation entre l’Occident et le monde de l’islam », a-t-il poursuivi.
Singh et Musharraf doivent avoir des entretiens samedi à La Havane, dans l’espoir de désamorcer les tensions entre leurs pays.