Le Monde, 22 octobre – de Cécile Hennion – Les milliers d’Iraniens ont défilé à Téhéran et dans toutes les grandes villes d’Iran, vendredi 20 octobre, à l’occasion de la « journée mondiale de Jérusalem » célébrant, comme chaque année depuis son institution en 1979 par l’ayatollah Khomeiny le soutien et l’attachement des musulmans à cette ville sainte et à la résistance des Palestiniens.
Devant la foule de manifestants venue l’écouter, le président Mahmoud Ahmadinejad a adressé une mise en garde aux Européens, accusés d’attiser la haine au Moyen-Orient en soutenant Israël. « Les Américains sont loin. Mais vous êtes les voisins des nations de cette région, a-t-il déclaré. Tout gouvernement qui se tient aux côtés du régime sioniste ne doit s’attendre désormais qu’à la haine des peuples du monde. La colère des peuples de la région bouillonne et, si l’ouragan se déchaîne, ses effets ne se limiteront pas aux frontières de la Palestine et vous heurteront ». « C’est un ultimatum », a prévenu M. Ahmadinejad, conseillant aux Occidentaux d’abandonner tout soutien à Israël, voué, selon lui, « à disparaître ».
Le président iranien a profité de cette journée particulière pour réaffirmer que l’Iran ne céderait pas sur son programme nucléaire. « L’Iran est prêt à négocier, mais ne tolérera aucune pression », a-t-il martelé, qualifiant les décisions du Conseil de sécurité des Nations unies d' »illégitimes » et reprochant aux membres permanents du Conseil, comme les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, d’y avoir « en même temps le rôle de plaignant, juge et jury, dans une logique appartenant à celle des pharaons ». Les Européens travaillent à un projet de résolution prévoyant des sanctions contre Téhéran.
HASSAN NASRALLAH PLÉBISCITÉ
Cette journée de Jérusalem a suscité des manifestations similaires, moins imposantes toutefois, en Egypte, en Syrie, en Irak ou au Pakistan avec des slogans hostiles à Israël et à l’Amérique. Dans ces pays, l’omniprésence des portraits de Mahmoud Ahmadinejad et d’Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah libanais, brandis par la foule témoigne de leur grande popularité dans la région.
Au Liban, où le Hezbollah avait l’habitude de marquer l’événement par d’impressionnantes parades militaires, les manifestations ont été limitées à des discours politiques à Beyrouth et à un défilé pacifique à la frontière israélienne. Hassan Nasrallah, qui avait fait une apparition spectaculaire, le 22 septembre, pour célébrer la « victoire divine » du Liban contre Israël, est cette fois resté invisible. Naïm Qassem, numéro 2 du Parti de Dieu, a réitéré, dans un discours, le soutien du Hezbollah aux Palestiniens et a critiqué l’attitude des régimes arabes.