Propos recueillis à Washington par Philippe Gélie.
Le Figaro, 18 janvier – James Jeffrey, sous-secrétaire dÉtat américain au Proche-Orient, explique au Figaro les projets des États-Unis face à lIran et affirme que la priorité reste lapproche diplomatique.
LE FIGARO. Quelle est la raison dêtre des sections « Iran » récemment ouvertes à Dubaï et dans dautres pays de la région ?
James JEFFREY. Nous sommes en train de les mettre sur pied. Nous avons du personnel chargé de suivre lIran à Dubaï, à Londres, à Berlin, mais aussi en Azerbaïdjan, en Irak et en Afghanistan, pas encore en Turquie. Nous nous intéressons beaucoup à lIran, mais nous navons pas dambassade dans le pays : donc nous utilisons nos diplomates postés ailleurs, pour nous faire des rapports sur ce qui se passe, dans tous les domaines, et pour traiter avec les communautés iraniennes locales. Ils sont là aussi pour conseiller nos ambassadeurs dans ces pays, dont la politique étrangère comporte des relations avec lIran.
Q : Peuvent-ils mener un dialogue informel avec des responsables iraniens ?
R : Absolument pas. Notre position est très claire : nous ne discutons pas avec lIran à ce stade. Nous avons posé des conditions liées à laction du régime dans le domaine nucléaire : si les dirigeants prennent les mesures demandées, ils auront un dialogue au plus haut niveau avec nous. Cela dit, nous parlons à des citoyens iraniens tout le temps, partout dans le monde.
Q : Lan dernier, des diplomates européens en poste à Téhéran sont venus à Washington « briefer » le secrétaire dÉtat, Condoleezza Rice, le conseiller pour la sécurité nationale, Stephen Hadley, et dautres : le déficit dinformations nempêche-t-il pas les États-Unis délaborer une politique cohérente vis-à-vis de lIran ?
R : Cest toute la logique du travail diplomatique que des gens qui sont sur place, qui parlent la langue, qui ont passé du temps avec la population et à étudier les problèmes contribuent à une politique informée. Nous avons de larges échanges avec des responsables de pays amis basés à Téhéran et nous apprécions leur aide.
Q : Washington vient de durcir le ton avec lIran et certains élus du Congrès sinquiètent dune « guerre secrète » : des Iraniens capturés en Irak, deux porte-avions envoyés dans le Golfe, des pressions accrues sur les banques et lindustrie pétrolière, tout cela relève-t-il encore de lapproche diplomatique ?
R :Notre priorité va à laction diplomatique, le plus récent exemple étant la résolution du Conseil de sécurité de lONU, adoptée à lunanimité fin décembre, qui condamne les activités nucléaires de lIran. Nos propres sanctions sinscrivent en complément de cette démarche. Mais bien sûr, nous sommes très préoccupés par la fourniture dexplosifs dorigine iranienne en Irak, qui tuent des Américains et des Irakiens, et par les activités de la force al-Quds (émanation des Gardiens de la révolution, NDLR). Nous savons dexpérience quavec les Iraniens, même en essayant la voie diplomatique, il est prudent de nous préparer à toute éventualité.
Q : Lobjectif de Washington est-il dobtenir un changement dattitude ou un changement de régime à Téhéran ?
R : Encore une fois, notre priorité est dencourager les dirigeants iraniens à changer de comportement, de soutenir la démocratie, la société civile et lÉtat de droit et damener les Iraniens à adopter une attitude plus positive sur les dossiers qui nous préoccupent. Nous ne cherchons pas la bagarre avec qui que ce soit.