IranIran (actualité)Le nucléaire iranien s'affiche sur les billets de banque

Le nucléaire iranien s’affiche sur les billets de banque

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Le Figaro, 14 mars – Par Delphine Minoui – Quand il s’agit de titiller la fibre nationaliste de leur population, les autorités iraniennes ne sont jamais à court d’idées. La banque centrale d’Iran vient de mettre en circulation un nouveau billet de banque frappé d’un symbole nucléaire. De couleur orange, vert et mauve, il présente, en son verso, un atome autour duquel tournent des électrons, le tout sur un fond représentant une carte de l’Iran. Avec cette phrase, rédigée en persan, et attribuée au prophète Mahomet : « Si la science existe dans cette constellation, les hommes de la Perse l’atteindront. »

Dans le domaine monétaire iranien, il s’agit d’une petite révolution. Le nouveau billet de 50 000 rials (l’équivalent de 4,10 euros) représente la plus grande coupure émise par la banque centrale iranienne. De quoi alléger les poches des ménagères qui, jusqu’ici, avaient l’habitude d’aller faire leur marché avec des liasses de 10 000 rials, et plus récemment de 20 000 rials. « Ça fera moins de sous à transporter », se réjouit Afkham Alizadeh, une mère de famille.

Le nouveau symbole de ce billet provoque, en revanche, l’inverse des effets escomptés. « Je me fiche de ce logo nucléaire. Les autorités feraient mieux de se pencher sur des solutions à la crise économique au lieu de chercher à servir leurs propres intérêts », râle Ali Farahani, un chauffeur de taxi. « Avec ce billet, les autorités iraniennes veulent faire croire à tout le monde que la nation iranienne est prête à payer n’importe quel prix pour défendre son droit au nucléaire. Mais ce n’est pas le cas ! », confie, pour sa part, Hossein Zamanipour, un commerçant de 50 ans. « À l’heure du bras de fer entre Téhéran et l’Occident sur son dossier nucléaire, cette initiative relève de la provocation », dit-il.

Une provocation de plus ? Ce nouveau billet fait ironiquement son apparition au moment où la République islamique, soupçonnée de vouloir développer l’arme nucléaire, risque de faire l’objet de nouvelles sanctions. Les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne sont actuellement en train de se rapprocher d’un accord avec la Russie et la Chine, qui devrait déboucher sur le vote d’une nouvelle résolution de l’ONU d’ici à la fin de la semaine. Elle devrait inclure, selon certains diplomates occidentaux, un embargo sur les exportations d’armes, une interdiction de prêts gouvernementaux à l’Iran et un gel des avoirs de davantage de personnes et d’entreprises liées au programme nucléaire de Téhéran. Washington, qui a déjà lancé d’autres mesures de rétorsion économique parallèles, n’exclut pas, non plus, l’option militaire.

« LA CONFRONTATION OU LA SOUMISSION »

Face aux pressions renforcées, le gouvernement de Mahmoud Ahmadinejad continue pourtant à tenir tête. Hier encore, Gholam Hossein Elham, le porte-parole du gouvernement, rappelait que l’Iran avait « complètement exclu » la suspension de l’enrichissement d’uranium. De son côté, Ahmadinejad vient de provoquer un nouvel effet de surprise en annonçant, dimanche, son intention de se rendre à une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU en vue de défendre le droit de la République islamique aux technologies nucléaires civiles. Le mois dernier, le président iranien s’était déjà fait remarquer en comparant le programme nucléaire de son pays à « un train sans frein ni marche arrière ».

Inquiète des retombées internationales de tels discours, la population iranienne n’est pas la seule à tirer la sonnette d’alarme. Depuis l’annonce des premières sanctions, en décembre dernier, le président iranien s’est retrouvé sous une pluie de critiques de la classe politique, y compris d’anciens alliés conservateurs. Pour regagner la confiance internationale – et pour éviter une attaque américaine -, les adversaires réformateurs d’Ahmadinejad osent même aujourd’hui suggérer ouvertement la suspension de l’enrichissement de l’uranium.
« La République islamique n’a que deux choix devant elle : la confrontation ou la soumission », observe le journaliste réformateur Ahmad Zeid Abadi. « Il est donc préférable de suspendre l’enrichissement pour reprendre les négociations », dit-il. Des propos qui rejoignent le récent appel à la modération lancé par l’ancien président Mohammad Khatami. « Nous devons payer un certain prix pour obtenir des négociations, ne pas se diriger vers la crise et garantir les droits (de l’Iran) pour l’avenir », déclarait-il, lundi, dans une interview accordée au quotidien économique iranien La Science et le Progrès.

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