AFP, Prague, 23 avril – Le général Henry Obering, chef de l’agence américaine de défense antimissile, a insisté lundi sur la « menace grandissante que représentent les missiles iraniens », lors d’une visite à Prague axée sur le projet de Washington de déployer en Europe centrale son bouclier antimissile.
« Nous sommes convaincus que ce radar en République tchèque va protéger les alliés européens, ainsi que nos forces déployées dans la région, contre ce que nous percevons comme la menace grandissante que représentent les missiles iraniens », a déclaré M. Obering, devant la presse.
Le général Obering a souligné dans ce contexte le rôle crucial joué selon lui par la République tchèque et la Pologne.
« Nous avons fait une analyse des trajectoires des missiles partant de l’Iran vers l’Europe et vers les Etats-Unis. Il en résulte que la Pologne et la République tchèque sont idéalement placées pour abriter respectivement les missiles intercepteurs et une station radar longue portée », a-t-il déclaré.
Le projet annoncé en janvier par les Etats-Unis a été très mal accueilli par la Russie qui y voit une atteinte directe à sa sécurité. Plusieurs autres pays d’Europe ont également exprimé leurs réserves.
« Du point de vue de la perspective stratégique, si nous commençons à réunir les capacités américaines et de l’Otan, et mêmes les capacités russes, nous commencerons à diminuer la valeur que des pays comme l’Iran attachent aux missiles balistiques », a indiqué M. Obering.
Le général américain a notamment rencontré à Prague le président tchèque, Vaclav Klaus, le Premier ministre Mirek Topolanek et les membres des deux chambres du Parlement. Il s’est également entretenu avec Jiri Paroubek, chef du parti social-démocrate (CSSD), la principale force d’opposition du pays.
Ce parti réclame l’organisation d’un référendum sur la station radar américaine, alors que la décision définitive de l’installer dans le terrain militaire de Jince près de Prague doit être prise par le Parlement.
Dans la soirée, le Premier ministre libéral, Mirek Topolanek, a qualifié d' »irrationnelles » les craintes de Moscou concernant le projet américain. « Ce système de défense anti-missiles ne sera pas orienté contre la Russie. Ce n’est pas possible entre autres du point de vue technique », a-t-il déclaré.
« Il n’y a plus de doute que ce système polono-américain et tchéco-américain sera utilisé dans le cadre des forces de l’Otan », a également dit M. Topolanek.
Le Premier ministre s’exprimait au terme d’une réunion du Conseil de sécurité de l’Etat, organe gouvernemental chargé des questions liées à la sécurité du pays, à la laquelle M. Obering a également participé.
Selon lui, Washington souhaite que la République tchèque termine les débats avant la fin de cette année, pour pouvoir prendre ensuite sa décision définitive.
Plus de trois Tchèques sur cinq (61%) sont toutefois opposés à l’installation de la station radar, selon un récent sondage de l’institut CVVM. En Pologne, l’opinion publique n’est guère plus favorable aux projets américains.
Si le Parlement tchèque rejette la requête américaine, la station radar pourra être installée dans un autre pays de la région, a assuré M. Obering, en insistant sur la situation géographique « idéale » de la République tchèque.
La visite du général Obering à Prague a coïncidé avec une offensive de charme lancée le même jour à Moscou par le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, dans l’espoir de venir à bout de l’opposition farouche de la Russie à l’installation du bouclier antimissile en Europe centrale.