AFP, Assalouyeh (Iran), 2 juillet – Les présidents iranien Mahmoud Ahmadinejad et vénézuélien Hugo Chavez ont scellé l’alliance entre leurs deux pays, fondée sur l’antiaméricanisme, en posant lundi la première pierre d’une coentreprise de production de méthanol en Iran.
M. Ahmadinejad a salué un « jour glorieux », dans un discours ponctué par la reprise par M. Chavez en arabe de l’expression traditionnelle musulmane « Si Dieu le veut ».
« Un grand pas a été franchi pour renforcer les liens fraternels entre les deux gouvernement révolutionnaires et populaires d’Iran et du Venezuela, dont l’objectif est de construire leur pays et de faire front à tous les ennemis », a dit M. Ahmadinejad.
Le président iranien a adopté un ton « chaviste » en lançant lors de la cérémonie: « Vive les deux nations, et toutes les nations révolutionnaires, et mort aux ennemis ».
Le projet d’Assalouyeh (sud), situé sur les rives du Golfe, est détenu à parts égales par l’Iran et le Venezuela.
D’un coût total de 700 millions de dollars, il aura une capacité de 1,65 million de tonnes de méthanol par an, pour une mise en production d’ici à quatre ans.
Un projet similaire, et à un coût semblable, doit être lancé au Venezuela.
M. Chavez, qui est passé par Minsk et Moscou avant d’arriver à Téhéran, a mentionné dans une conférence de presse commune la « signature de contrats », notamment pour « une usine de produits laitiers et une usine de transformation de maïs » au Venezuela, sans préciser avec quel partenaire.
Il a assuré que « dans un avenir proche, nous pourrons créer des usines moyennes dans le pays », en évoquant « une révolution sociale, technologique dans le but de créer le socialisme et mettre fin au monopole de l’impérialisme ».
En retour, le président iranien a fait état d' »investissements communs dans les domaines de l’énergie, de l’industrie et des industries de transformation », ainsi que d' »accords pour développer les relation commerciales », sans autres précisions.
Les deux présidents ont conclu leurs interventions respectives en s’en prenant aux Occidentaux en général et aux Etats-Unis en particulier.
A l’adresse des Américains, M. Chavez a condamné les « barbares qui ont lancé une bombe atomique sur Hiroshima, attaqué l’Irak et crée une telle situation pour le peuple ». Sans oublier les « barbares européens qui sont venus d’Europe en Amérique latine et ont détruit notre civilisation profonde ».
Quant à M. Ahmadinejad, il s’est adressé à « ceux qui ont de la peine à cause de l’amitié des peuples » iranien et vénézuélien, en leur souhaitant de « mourir de cette peine ».
M. Chavez est arrivé samedi soir à Téhéran à la tête d’une délégation comprenant les ministres de l’Energie, de l’Economie, des Affaires étrangères, de l’Industrie et des Communications.
En le rencontrant dimanche, le président iranien, qui considère M. Chavez comme un « frère d’armes », a jugé que la « vague anti-impérialiste » était « très forte, en particulier en Amérique latine ».
M. Chavez, qui a fait de l’antiaméricanisme son principal cheval de bataille, lui a répondu que la coopération entre leurs deux pays « aura un effet important dans la défaite de l’impérialisme et la victoire des peuples ».
Le président vénézuélien a bénéficié d’un honneur rare en étant reçu dimanche personnellement par le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, qui n’accueille d’ordinaire des personnalités étrangères que si elles sont musulmanes.
Ce dernier l’a assuré que « les Etats-Unis sont incapables de nuire à l’Iran et au Venezuela (et que) la coopération entre les deux Etats indépendants et populaires est naturelle et doit être approfondie ».
Depuis son élection en 2005, M. Ahmadinejad a fait de M. Chavez l’un de ses « amis » privilégiés sur la scène extérieure.