Le Monde, 12 décembre – Par Cécile Hennion – La diplomatie du président Mahmoud Ahmadinejad a essuyé une salve de critiques, mardi 11 décembre, de la part de plusieurs hauts responsables iraniens.
« Une stratégie consistant en l’envoi de lettres et de slogans ne peut pas être la bonne », a déclaré Hassan Rowhani, l’un des deux représentants du Guide Ali Khamenei au Conseil suprême de sécurité nationale, au quotidien réformateur Aftab Yazd. « La situation de l’Iran dans la communauté internationale n’est pas favorable », a jugé M. Rowhani, accusant le président Ahmadinejad de diriger son administration comme une armée et en refusant d’utiliser les compétences des nombreux diplomates et experts iraniens. « La question n’est pas de s’emparer d’une garnison militaire et de dire à chacun ce qu’il doit faire », a-t-il expliqué, ajoutant que l’autoritarisme était, selon lui, « l’un des gros points faibles du gouvernement ».
Ce n’est pas la première fois que M. Rowhani s’en prend à la politique du régime. Fin octobre, il avait déjà déclaré que « les effets des sanctions se voient. Notre situation s’aggrave de jour en jour ». Cet ancien négociateur du nucléaire, jusqu’à l’arrivée de M. Ahmadinejad à la présidence en 2005, n’est pas considéré comme un « modéré », mais plutôt comme un « pragmatique », à l’instar de l’ancien président Ali Akbar Hachemi Rafsandjani, dont il est proche. Les deux hommes ont multiplié les allusions critiques à la politique de M. Ahmadinejad, notamment sur le dossier nucléaire.
Le quotidien Aftab Yazd cite aussi l’ancien ministre des affaires étrangères Kamal Kharazi, proche du Guide suprême. « Je pense, a-t-il dit, que les responsables américains vont aller plus loin dans les sanctions et les pressions politiques contre notre pays. »
Symptômes des querelles intestines au régime, ces critiques interviennent après une manifestation d’étudiants, dimanche à Téhéran, protestant contre la politique répressive du régime. Utilisant, mardi, la tribune de l’université, l’ex-président Mohammad Khatami acritiqué la politique économique de M. Ahmadinejad, qui « distribue la pauvreté et vide la bourse du peuple ».