AFP, Téhéran, 11 mars – Après le rejet massif de leurs candidats, les réformateurs iraniens devraient se contenter de la portion congrue dans le parlement qui sera élu vendredi, mais ils pensent déjà à la présidentielle de 2009.
« L’expérience du 6ème Parlement (2000-2004, dominé par les réformateurs) ne se produira pas de sitôt » car le pouvoir ne le permettra pas, a écrit récemment Mohsen Armin, une des têtes pensantes de l’Organisation des Moudjahedines de la révolution islamique, un des principaux partis réformateurs.
Comme en 2004, la disqualification par les autorités de candidats réformateurs a touché de nombreuses personnalités, y compris d’anciens ministres, gouverneurs ou préfets.
« Malheureusement, il n’y a plus aucune chance pour les principales figures réformatrices de concourir à l’élection », a dit Mohammad Reza Khatami, un des principaux responsables du Front de la participation, le premier parti réformateur.
Son camp n’a pas non plus d’espoir d’obtenir un groupe de taille sur les 290 sièges du Majlis.
« Nous pensons n’avoir aucune chance de concourir pour 200 des sièges et, pour ceux qui restent, nos premières forces ont été disqualifiées », a ajouté le frère de l’ex-président Mohammad Khatami.
« Le nouveau Parlement sera une réplique du précédent » avec une forte majorité de conservateurs, selon le sociologue Hamid-Reza Jalaïpour, qui a dirigé plusieurs journaux réformateurs.
Selon lui, le pouvoir tente par tous les moyens de limiter la « diversité politique qui existe dans la société iranienne ».
« Mais la principale bataille aura lieu à la présidentielle de 2009. Là, ils ne pourront pas éliminer les candidats réformateurs ou modérés », ajoute-t-il Parmi ces derniers, l’ancien président du Parlement, Mehdi Karoubi, espère renforcer sa position en obtenant un maximum de sièges pour son parti Etemad-Melli (Confiance nationale) dans le prochain Parlement.
« S’il réussit son pari, il pourra s’imposer comme le candidat des réformateurs en 2009 », affirme l’analyste conservateur Amir Mohebian.
D’autant plus que les candidats de son parti ont été mieux traités que ceux des autres partis réformateurs lors du processus de qualification pour les législatives.
Mais pour bon nombre de responsables de la Coalition des réformateurs, qui regroupe une trentaine de partis et mouvements politiques, l’ancien président Mohammad Khatami (1997-2005) reste le seul espoir.
« Nous pensons que c’est le meilleur choix. Nous tentons de le convaincre de se représenter car nous pensons que le pays a besoin d’une nouvelle période de réforme, mais pour le moment sa réponse est négative », a déclaré récemment Abdolvaleh Moussavi-Lari, responsable de la campagne de la Coalition des réformateurs.
L’ex-président a fait un retour sur la scène politique ces derniers mois avec plusieurs déplacements en province, où il a réuni à chaque fois des milliers de personnes. Il multiplie aussi les voyages à l’étranger.
Mais pour le moment, il refuse de parler de la future présidentielle même si beaucoup d’observateurs estiment qu’il s’y prépare.
« Avec les rejets de candidatures, les réformateurs ne pourront compter que sur une minorité au parlement. C’est ensuite que les choses vont se jouer. Si l’ancien président Mohammad Khatami accepte de se présenter, nous aurons nos chances », a déclaré à l’AFP Mostapha Tadjzadeh, un des responsables du Front de la participation.
Les réformateurs estiment en effet que le Conseil des gardiens, chargé de superviser les élections, ne pourra pas rejeter leurs candidats pour la présidentielle, en particulier s’il s’agit de Mohammad Khatami ou de Mehdi Karoubi. Ce qui leur permettra de mener une véritable bataille.