AFP, Téhéran, 11 mars – Hausse des prix, chômage et manque d’investissements étrangers sont autant de problèmes économiques au coeur des élections législatives iraniennes de vendredi.
Le président Mahmoud Ahmadinejad est arrivé au pouvoir en 2005 sur un programme de justice sociale où il s’engageait à faire bénéficier les plus pauvres de la manne pétrolière.
Mais des revenus records, et la poursuite d’une politique de redistribution par le biais de subventions et de prêts à taux préférentiels, compensent difficilement le retour d’une inflation élevée, frisant officiellement les 20%.
Les slogans des deux grands courants politiques réformateurs et conservateurs reflètent cette préoccupation, et sans doute, en l’absence de sondages, celle de l’électorat.
« Contrôler les prix élevés et créer une économie florissante », dit celui de la coalition réformatrice, alors que son alter ego conservatrice veut « restreindre l’inflation, créer des emplois, éliminer le monopole d’Etat et libéraliser l’activité économique ».
Alors que le plan iranien à 20 ans prévoit de diminuer la dépendance des revenus du pétrole, ces derniers sont restés la première source de financement de l’Etat.
Le président a largement puisé dans la cagnotte pour financer des projets d’infrastructure à travers le pays, gonflant la masse monétaire en circulation de près de 40% chaque année depuis son élection.
Le changement avec la période de son prédécesseur, le réformateur Mohammad Khatami, a été brutal.
« Nous avions atteint une position économique stable, calme et fiable », affirme aujourd’hui Saïd Shirkavand, vice-ministre de l’économie sous M. Khatami.
Il en veut pour preuve le fait qu’outre une inflation de 11,2% en 2005, « la demande des investisseurs étrangers pour faire des affaires était très forte ».
D’autant plus que le gouvernement de M. Khatami avait introduit en 2002 la première législation protégeant les investissements étrangers en Iran.
Pour sa part M. Ahmadinejad a arbitrairement réduit les taux d’intérêts des banques en dessous du taux d’inflation et favorisé l’octroi de prêts à taux préférentiels à certaines catégories comme les jeunes mariés.
Cet afflux d’argent a profité avant tout au marché immobilier et aux activités de rente.
Le président a aussi dissous l’organisation du plan (MPO), qui entravait ses projets d’investissements en faisant ses propres recommandations budgétaires.
Ces décisions ont été critiquées publiquement à deux reprises par des économistes iraniens réputés, qui ont attribué au gouvernement la responsabilité de la hausse de l’inflation.
Mais le président Ahmadinejad en a rejeté la faute en décembre sur ses prédécesseurs, ses adversaires politiques et des facteurs externes.
De rares critiques se sont élevées contre la politique inflationniste du gouvernement, y compris dans le camp conservateur, mais elles n’ont pas modifié l’orientation générale de ce dernier.
Les députés conservateurs, majoritaires au Parlement, ont fait mine de s’inquiéter de la politique gouvernementale, mais ont adopté sans grand changement les projets de budget présentés par M. Ahmadinejad.
« Le gouvernement finira toujours par dominer le parlement », selon M. Shirkavand, en l’absence de partis structurés et engagés dans une véritable compétition.
« La condition nécessaire à un parlement fort est d’avoir une élection concurrentielle entre des partis ayant des plans et stratégies définies », a dit l’ancien ministre.