LeTélégramme: Par Hubert Coudurier: L’intervention des forces irakiennes dans le camp d’Ashraf, qui abrite les Moudjahidine du peuple iranien, montre la collusion du régime de Bagdad et de Téhéran. Un véritable axe chiite mis en place depuis la chute de Saddam Hussein. D’autant que les Irakiens, qui s’en sont pris aux réfugiés iraniens, avaient l’appui de Gardiens de la Révolution, déguisés en policiers irakiens.
Pour autant, ce coup de force ne doit pas occulter l’isolement grandissant du régime dictatorial iranien dont les Gardiens de la Révolution (Pasdaran) constituent désormais la colonne vertébrale. Ce qui, du coup, fragilise leurs bras armés au Proche-Orient que sont le Hamas à Gaza et le Hezbollah au Liban.
Le président Mahmoud Ahmadinejad, déstabilisé par la contestation radicale de l’ancien président Rafsandjani, a donc lâché du lest. Et il a appelé à la libération des détenus interpellés dans des manifestations qui durent depuis plus d’un mois à travers tout le pays. De fait, la plupart des manifestants le seront d’ici à vendredi, a précisé le procureur général iranien.
Rafsandjani, qui joua un rôle important lors de la prise de pouvoir de l’ayatollah Khomeiny, il y a trente ans, avait soutenu le candidat de l’opposition, Moussavi, lors de la dernière présidentielle en juin dernier. Rafsandjani a un rôle-clé à la tête du Conseil des Experts, qui peut même destituer le Guide de la Révolution, Ali Khamenei.
Lequel, bien que Rafsandjani l’ait soutenu, avait préféré pousser la candidature d’Ahmadinejad à la présidentielle. Bref, c’est une brèche importante qui s’est ouverte au sein du régime, à l’heure où Barack Obama, délaissant la politique de la main tendue qu’il voulait pratiquer à l’égard de l’Iran, a récemment durci le ton.
Toutefois, l’annonce, hier, par le secrétaire d’État à la Défense, Robert Gates, d’un désengagement plus rapide que prévu des États-Unis en Irak, prive Washington d’un moyen de pression sur celui qui a toujours qualifié l’Amérique de «Grand Satan».
30 juillet 2009