Le Jeudi du Luxembourg: par David Broman – Alors que 2010 s’amorce, on ne peut que constater qu’il y a encore et toujours une multitude de peuples de par le monde qui continuent à souffrir dans leur chair et leur âme à cause de la bêtise humaine.
Beaucoup de ces souffrances sont devenues chroniques: les années passent allègrement, les éditoriaux aussi, rien n’y fait. Les Coréens ne sont toujours pas réunis, les Afghans sont toujours sous le joug, les Palestiniens se font toujours anéantir, les Birmans sont toujours emprisonnés, les Hmongs toujours chassés, les peuples africains toujours exploités.
Et que dire du peuple des réfugiés et des émigrants à travers le monde, un peuple si riche et pourtant toujours le bouc émissaire de nos pauvretés à nous? Quel gâchis! Il y a tant de peuples dans ce cas que l’on n’arrive pas à les citer tous. Vraiment, quel gâchis!
Dans cette nuit, il y a toutefois, pour ces peuples privés d’horizon et de rêve, une petite lueur qui est subitement devenue visible en 2009: le soulèvement du peuple iranien. Digne et courageux, partant d’un simple mouvement pour le recomptage de voix après l’«élection» présidentielle de juin, aujourd’hui, des milliers d’Iraniens risquent leur vie et celle des leurs pour revendiquer la fin de la dictature, l’instauration d’institutions démocratiques et laïques, l’application des droits de l’Homme aux femmes et à la majorité opprimée, des relations de paix avec tous les voisins…
Aujourd’hui, ce qui se passe en Iran est admirable et devrait être l’exemple à suivre par tous les peuples opprimés. Pour cet espoir qu’il représente, on pourrait aisément considérer les Iraniens comme le peuple de l’année.
De même, pour cet espoir qu’il représente, on aurait pu éviter un gaspillage honteux en attribuant le prix Nobel de la Paix à l’opposition iranienne, plus particulièrement au Conseil national de la résistance iranienne (en exil) et à sa présidente Maryam Radjavi. Cette femme, qui a perdu des membres de sa famille tant sous le Chah que sous les mollahs, dirige la grande coalition d’opposition démocratique et uvre pour une révolution non violente par et pour le peuple.
La communauté internationale a tort de bouder cette coalition et sa présidente, car le train est en marche. L’histoire pourrait bien donner raison à Madame Radjavi lorsqu’elle affirme que «ce régime touche à sa fin et que l’avenir appartient au peuple iranien et à sa résistance: c’est pourquoi les négociations, les marchandages et compromissions avec ce régime moyenâgeux seront contre-productifs et n’auront pour conséquence qu’encourager les mollahs au pouvoir à réprimer et tuer davantage le peuple iranien». À bon entendeur…
Ce mouvement fondamentalement démocratique, le Luxembourg, membre de la famille des démocraties, a le devoir moral et politique de le recevoir, de l’écouter, de l’entendre et de le soutenir par tous les moyens à sa disposition. Autrement dit: il est grand temps que nos élus, s’ils croient sincèrement en la force et la justice démocratiques, ouvrent un dialogue vigoureusement amical, fraternel et constructif avec la résistance démocratique iranienne. Si le train est en marche, il est temps encore de sauter dessus.
Quel message ce serait, non seulement pour le peuple iranien, mais pour les nombreux peuples privés d’horizon et de rêve!