AFP: L’organisation Reporters sans frontières (RSF) condamne le « blocus de l’information » imposé par les autorités irakiennes autour des affrontements vendredi dans le camp d’Ashraf entre l’armée irakienne et les Moudjahidine du peuple.
« Ce blocus de l’information est inacceptable. Les forces de sécurité interdisent l’accès du camp aux journalistes pour cacher les exactions commises contre des civils. Elles attaquent de manière ciblée et délibérée toute personne qui tente de prendre des photos des affrontements », déclare l’organisation dans un communiqué publié samedi à Paris.
Selon une source médicale en Irak, au moins trois personnes auraient péri vendredi dans le camp situé à 80 km au nord de Bagdad, à la suite de ces heurts. Les opposants iraniens parlent eux de 31 victimes et de 300 blessés.
RSF avance de son côté, sans préciser de source, qu’une « attaque de l’armée a fait près de trente morts et de nombreux blessés parmi les résidents du camp », dans son communiqué.
« Selon plusieurs médias, le camp est encerclé par des blindés et des camions de l’armée. Les journalistes ont été contraints de rester aux portes du camp, aucun professionnel de l’information n’étant toléré à l’intérieur », ajoute RSF.
L’organisation rappelle que l’accès au camp, placé sous la responsabilité des autorités irakiennes en janvier 2009, est interdit aux journalistes depuis « le 28 juillet 2009, suite à des affrontements entre l’armée irakienne et les résidents ».
Selon le département d’Etat américain, l’armée et le gouvernement irakiens « ont été à l’origine » des violences vendredi, même si Washington reconnaît ne pas disposer de tous les éléments pour se prononcer.
Quelque 3.500 sympathisants des Moudjahidine du peuple, principal mouvement d’opposition extérieur au régime iranien, vivent dans le camp d’Ashraf.
Déclarés hors-la-loi en 1981 par le régime islamiste au pouvoir à Téhéran, les Moudjahidine du peuple ont été accueillis quelques années plus tard en Irak, en pleine guerre contre l’Iran, et ses militants ont combattu aux côtés des forces de Saddam Hussein. Désarmés après le renversement de Saddam Hussein en 2003, ils sont depuis lors un sujet de contentieux entre Bagdad et Téhéran.