Reuters: Trente-quatre personnes sont mortes dans un camp de réfugiés iraniens en Irak, où vivent en grande majorité des opposants iraniens, à la suite d’une intervention des forces irakiennes de sécurité, ont annoncé jeudi les Nations unies. Lire la suite l’article
L’armée irakienne est intervenue le 8 avril dans le camp d’Achraf, au coeur d’une zone rurale de la province de Diyala, à 65 km environ au nord-est de Bagdad.
Parlant de trois morts seulement lors de l’opération, et ajoutant que les autres ont perdu la vie avant, les autorités irakiennes contestent le bilan avancé par l’Organisation des moudjahidine du peuple iranien (OMPI), des opposants au régime iranien nombreux parmi les 3.500 réfugiés du camp.
Mais à New York, un des porte-parole de l’Onu, Farhan Haq, a déclaré jeudi: « Nous sommes informés qu’il y a eu 34 morts dans le camp et dans ses environs. »
« Nous tentons d’avoir plus de détails », a-t-il ajouté, précisant qu’une équipe onusienne s’était rendue sur les lieux mercredi.
A Washington, John Kerry, président démocrate de la commission des Affaires étrangères du Sénat, a condamné une « inacceptable » opération militaire irakienne.
Dans un communiqué, il ajoute que la situation dans le camp est intenable et que les autorités irakiennes doivent entreprendre des « mesures de correction » pour « faire cesser les effusions de sang ». « Le gouvernement irakien a annoncé une enquête complète sur ce massacre, et elle doit complète et sérieuse », insiste-t-il.
APPEL À LA PROTECTION DES CIVILS D’ACHRAF
A Strasbourg, des élus de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe ont lancé pour leur part un appel à la communauté internationale pour qu’elle protège les opposants iraniens réfugiés dans le camp d’Achraf.
Les 103 parlementaires, issus de tous les groupes politiques de l’assemblée et de divers pays, exigent « que l’Organisation des Nations unies, les Etats-Unis et l’Union européenne agissent immédiatement pour mettre fin au massacre et assurer le retrait des troupes irakiennes du camp d’Achraf ».
Ils demandent aux Etats-Unis et à l’Onu de prendre le contrôle de la sûreté et de la sécurité du camp, dont le contrôle a été rétrocédé en 2009 aux autorités irakiennes aux termes d’un accord de sécurité bilatéral avec les Etats-Unis.
Achraf sert de base à l’Organisation des moudjahidine du peuple iranien (OMPI), que Téhéran, Bagdad et Washington considèrent comme un mouvement terroriste, contrairement à l’Union européenne qui a rayé l’organisation de sa « liste noire » en 2009.
Avant la chute de Saddam Hussein, en 2003, le groupe, qui milite pour le renversement de la république islamique en Iran, avait organisé plusieurs opérations depuis l’Irak.
L’OMPI a rendu les armes aux forces américaines après le renversement de leur ancien protecteur, qui les avait accueillis dans les années 1980 pendant la guerre contre l’Iran.
Pour Maryam Rajavi, qui dirige le Conseil national de la résistance en Iran (CNRI), la branche politique des Moudjahidine du peuple, l’annonce de l’Onu confirme « l’ampleur des crimes commis par les forces irakiennes contre les résidents sans défense et civils d’Achraf ».
« Cette exaction constitue un cas évident de crime contre l’humanité, de crime de guerre et de crime contre la communauté internationale », ajoute-t-elle.
Louis Charbonneau avec Gilbert Reilhac à Strasbourg; Benjamin Massot et Henri-Pierre André pour le service français