AFP, Washington, 19 mai – La secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice a demandé jeudi à l’Iran de cesser de jouer la déstabilisation, et a prévenu le régime de Téhéran qu’il n’était pas à l’abri des « changements » en cours au Proche Orient.
« Les Iraniens ne devraient pas croire qu’il sont immunisés contre les changements majeurs qui se produisent dans la région », a déclaré la chef de la diplomatie américaine, à l’issue d’une rencontre avec son homologue koweitien, cheikh Mohamed al-Sabah.
« Nous espérons que les Iraniens adopteront un comportement plus stabilisant », a-t-elle ajouté. Mme Rice a souligné qu’en plus des inquiétudes sur son programme nucléaire, l’Iran était un « Etat qui soutient le terrorisme » qu’elle a accusé d’être « à contre-courant » des efforts de paix israélo-palestiniens.
Un autre haut responsable américain a pour sa part accusé Téhéran de ne pas avoir une attitude « constructive » vis-à-vis du nouveau gouvernement irakien, et de chercher à souffler sur les divisions religieuses et ethniques du pays.
« Nous soupçonnons l’Iran de ne pas avoir joué un rôle contructif dans les semaines et les débats qui ont conduit à la formation du gouvernement irakien actuel (…) Nous conseillons fortement à l’Iran de se montrer plus constructif sur ce qui doit être vraiment fait pour aider le gouvernement irakien », a déclaré le sous-secrétaire d’Etat chargé des Affaires politiques, Nicholas Burns, devant la commission des Affaires étrangères du Sénat.
« Les Iraniens ne semblent pas avoir passé beaucoup de temps à soutenir les objectifs de multi-ethnicité et de partage du pouvoir » entre chiites, sunnites et Kurdes irakiens, a affirmé le numéro trois de la diplomatie américaine.
M. Burns a également accusé l’Iran de continuer de détenir, tout en refusant de les identifier, des responsables du groupe terroriste al-Qaïda accusés notamment d’être impliqués dans les attentats contre les ambassades américaines en Tanzanie et au Kenya en 1998.
Il a fait également estimé qu’il y avait peu à attendre de l’élection présidentielle iranienne du 17 juin, qui doit voir le remplacement du président Mohammad Khatami, qui ne peut se représenter après deux mandats consécutifs.
« Tout porte à croire que l’élection de juin ne permettra pas l’expression de la volonté populaire, parce que le processus et les medias sont manipulés par quelques responsables non-élus -l’élite cléricale et ses associés-« , a-t-il dit.
Mme Rice s’est rendue dimanche dernier en Irak afin de plaider pour une alternative politique à la violence, et une plus grande association des sunnites à la rédaction de la Constitution.
La visite de Mme Rice a été suivie de celle de son « numéro deux », le secrétaire d’Etat adjoint Robert Zoellick, qui se trouvait à Bagdad jeudi.
Le chef de la diplomatie iranienne Kamal Kharazi se trouvait lui aussi jeudi en Irak, où il est arrivé mardi dans le cadre d’une visite destinée à tourner la page du conflit sanglant qui avait opposé les deux pays de 1980 à 1988 sous le régime du président déchu irakien Saddam Hussein
L’Iran pas à l’abri des changements au Proche-Orient: Rice
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