AFP : 3 octobre – L’Iran a indiqué dimanche qu’il disposait déjà de la technologie pour produire son propre combustible nucléaire et a rejeté comme « irrationnelle », en dépit des inquiétudes internationales, l’idée d’y renoncer contre la promesse d’un approvisionnement de l’étranger.
Le parlement s’apprête quant à lui à examiner une proposition de loi pour une reprise de l’enrichissement d’uranium servant de combustible et un tel texte est assuré d’une très large majorité s’il est voté, a déclaré un éminent député.
Une telle reprise enverrait quasi immanquablement le dossier devant le Conseil de sécurité de l’Onu.
Malgré cette menace, le porte-parole des Affaires étrangères Hamid Reza Assefi a exclu devant la presse que son pays fasse une croix sur l’enrichissement et s’en remette à l’étranger pour le combustible de ses futures centrales civiles.
« On ne doit pas remettre son sort entre les mains des autres. Cela serait irrationnel », a-t-il dit.
« Nous avons la technologie et nous n’avons pas besoin de supplier les autres pour l’avoir. C’est bon pour les pays qui n’en disposent pas », a-t-il ajouté.
La maîtrise par l’Iran de la production de combustible constitue une préoccupation majeure de la communauté internationale, inquiète que cette technologie ne soit détournée pour fabriquer l’arme atomique.
L’Iran a accepté en octobre 2003 auprès des trois grands Européens (Allemagne, France, Grande-Bretagne) de suspendre ses activités d’enrichissement. Mais l’Agence internationale de l’énergie atomiques’alarme depuis de ce qu’elle considère comme étant des remises en cause des engagements pris par Téhéran.
Elle vient de presser l’Iran de suspendre « immédiatement » toutes ses activités d’enrichissement, y compris les opérations préalables, dont Téhéran a annoncé la reprise, arguant qu’elles ne sont pas constitutives de l’enrichissement.
Les Européens font miroiter aux Iraniens la possibilité de les fournir en combustible en échange d’un renoncement à l’enrichissement. Le candidat démocrate à la présidentielle américaine John Kerry a lui aussi envisagé un tel marchandage, selon son entourage.
« Nous n’avons pas besoin de leur générosité ni de leur aide », a répondu M. Assefi.
« Quelles garanties y a-t-il » d’un approvisionnement sûr, « est-ce qu’ils nous approvisionneront un jour et cesseront de le faire le lendemain s’ils l’ont décidé », a-t-il demandé.
La livraison par les Russes du combustible de la première centrale nucléaire iranienne, construite à Bouchehr (sud), est suspendue depuis des mois.
Selon M. Assefi, l’Iran n’a « pas encore pris de décision » quant à reprendre ou non l’enrichissement à proprement parler. Mais il a mis en garde l’AIEA car, selon lui, exercer trop de pressions sert les ultra-conservateurs iraniens.
La Commission parlementaire de la sécurité nationale et des affaires étrangères commencera mardi à débattre d’une proposition de loi pour une reprise de l’enrichissement, a indiqué son président Allaeddin Boroudjerdi.
« Le projet visant à forcer le gouvernement à reprendre l’enrichissement a le soutien de 238 députés », sur environ 290, a déclaré M. Boroudjerdi.
Ce texte « en est aux stades préliminaires », a déclaré M. Assefi, « et si le Majlis (assemblée) l’approuve et qu’il est approuvé ensuite par le Conseil des gardiens et qu’il entre dans la loi, il va de soi que le gouvernement est obligé de l’appliquer ».
Cependant, le parlement a multiplié les déclarations radicales. Et, si les parlementaires sont consultés, les décisions stratégiques sur le nucléaire sont prises au plus haut du pouvoir.
A l’initiative des trois grands Européens, l’AIEA a donné à l’Iran jusqu’au 25 novembre pour lever les doutes sur la nature de ses activités. Elle réserve sa décision pour sa prochaine session en novembre. Mais elle pourrait alors saisir le Conseil de sécurité si elle estime que l’Iran n’a pas satisfait à ses exigences.