AFP, Téhéran, 7 août – par Farhad POULADI – L’Iran a fait monter la pression dimanche en présentant comme imminente la reprise d’activités nucléaires ultra-sensibles, malgré la proximité d’une réunion urgente de l’agence onusienne de non-prolifération et le risque d’une crise internationale.
L’usine de conversion d’uranium d’Ispahan devrait être prête à redémarrer dès lundi, a dit le président de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, Gholamreza Aghazadeh, cité par l’agence estudiantine Isna.
Le porte-parole des Affaires étrangères Hamid Reza Assefi a déclaré quant à lui que l’usine recommencera à tourner aussitôt que les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) auront installé des caméras de surveillance.
L’AIEA a dit qu’il lui faudrait jusqu’au milieu de la semaine pour cela. Mais, selon M. Aghazadeh, cela sera chose faite dès lundi.
Cependant, contrairement à M. Assefi, M. Aghazadeh n’a pas signifié que l’usine redémarrerait immédiatement.
Mais la commission des Affaires étrangères du Parlement a ajouté à la pression en demandant que les installations fonctionnent à nouveau avant la réunion de l’AIEA prévue à Vienne mardi, que l’Agence supervise ou non la levée des scellés. Elle a accusé l’AIEA de « faire traîner les choses ».
Dans une autre manifestation de détermination, M. Assefi a assuré que l’Iran n’était « pas inquiet si son dossier est envoyé un jour au Conseil de sécurité de l’Onu ».
L’Iran est en effet plus que jamais sous la menace depuis qu’il a informé l’AIEA le 1er août de sa décision de reprendre la conversion.
La conversion est l’opération préalable à l’enrichissement d’uranium qui fournit le combustible pour les centrales civiles, mais peut être détourné à des fins militaires.
Depuis décembre, l’UE3 (Allemagne, France, Grande-Bretagne) essaie de convaincre l’Iran de renoncer à toutes ses activités de conversion et d’enrichissement.
Elle lui a soumis vendredi 34 pages de propositions de coopération nucléaire, commerciale et politique. Mais ces propositions, soutenues par les Américains malgré certaines réserves, refusent aux Iraniens la conversion et l’enrichissement.
M. Assefi les a de nouveau qualifiées « d’inacceptables », M. Aghazadeh les trouvant « insultantes ».
L’Iran affirme que le Traité de non-prolifération lui reconnaît le droit à l’enrichissement. Les Occidentaux répondent que 18 années de dissimulations rendent suspectes les intentions iraniennes.
Après l’annonce de la reprise de la conversion et avant même de soumettre leur offre de coopération, les Européens ont demandé la convocation urgente du Conseil des gouverneurs (exécutif) de l’AIEA pour tenter de dissuader les Iraniens.
« Bien que la réunion de l’AIEA n’ait aucune justification légale, nous sommes prêts », a déclaré M. Assefi.
Interrogé sur l’éventualité d’un durcissement de la confrontation, il a répondu que « l’Iran ne comprend pas le langage de la menace ».
Les Européens ont clairement signifié que la reprise de la conversion rompraient les négociations. Encore samedi, le chancelier allemand Gerhard Schroder a mis en garde contre le risque d’un premier épilogue devant le Conseil de sécurité.
L’AIEA ne devrait pas cependant décider un tel recours lors de sa toute prochaine session, indiquent les diplomates, mais lancer un appel à l’Iran.
La décision de reprendre la conversion est « irréversible », répond l’Iran.
Dans le même temps, Téhéran prépare sa réponse écrite aux propositions européennes.
« Nous la leur donnerons d’ici à demain » lundi, a dit M. Assefi devant la presse.
Malgré la crispation, les Iraniens insistent sur leur souhait de poursuivre les négociations avec les Européens.
L’Iran fait monter la pression autour des activités ultra-sensibles
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