AFP, Vienne, 16 novembre – L’Iran a commencé la conversion de nouvelles quantités d’uranium en gaz pouvant produire de l’uranium enrichi, potentiellement militaire, ont affirmé des sources diplomatiques mercredi à l’AFP.
D’après des inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), « les premiers fûts de minerai d’uranium ont été introduits dans l’usine de conversion d’Ispahan ce (mercredi) matin », a déclaré un diplomate sous couvert de l’anonymat.
Des sources diplomatiques avaient auparavant indiqué que l’Iran s’apprêtait à convertir 50 tonnes supplémentaires de minerai d’uranium (yellowcake), ce qui lui donnerait un stock considérable pour se doter, s’il le veut, d’uranium enrichi.
Depuis août dernier et malgré les protestations de la communauté internationale, les Iraniens ont déjà procédé à la transformation en gaz UF6 de 37 tonnes de poudre d’uranium (yellowcake) injectées dans l’usine d’Ispahan.
L’Iran avait annoncé publiquement le 6 novembre qu’il s’apprêtait à convertir de nouvelles quantités d’uranium et aurait autorisé la recherche d’investisseurs pour mener à leur terme ces activités nucléaires ultra-sensibles.
Selon un autre diplomate, confirmant mercredi soir la reprise des opérations à Ispahan, les Iraniens avaient signalé leur intention en octobre à l’AIEA, mais ont retardé la reprise de la conversion à plusieurs reprises, en raison de travaux d’entretien à Ispahan.
Ces 50 tonnes, s’ajoutant aux 37 tonnes, permettraient d’enrichir suffisamment d’uranium pour fabriquer le cas échéant jusqu’à dix bombes nucléaires, d’après certaines sources.
Le conseil des gouverneurs, l’exécutif politique de l’AIEA, se retrouve les 24 et 25 novembre à Vienne afin de décider d’un éventuel transfert du dossier iranien au Conseil de sécurité de l’Onu, avec à la clef de possibles sanctions.
Une telle saisine a été rendue possible par une résolution de l’Agence, fin septembre, demandant à l’Iran d’en revenir à la suspension de la conversion et constatant que ce pays ne respecte pas tous ses engagements de non-prolifération.
L’enrichissement avec des centrifugeuses fournit le combustible pour les centrales civiles. Mais il peut être poussé à des niveaux plus élevés pour fabriquer l’arme nucléaire.
Par ailleurs, selon des sources diplomatiques, l’Iran n’a pas formellement rejeté une proposition russe de transfert à l’étranger d’activités d’enrichissement.
L’Iran proclame son droit à produire chez lui du combustible nucléaire, donc d’enrichir, ce que refusent formellement l’Union européenne et les Etats-Unis.
D’un éventuel compromis, encore incertain, sur l’enrichissement d’uranium hors d’Iran peut dépendre un déplacement ce mois-ci à Téhéran du directeur de l’AIEA, Mohamed ElBaradei, ont indiqué ces sources à l’AFP.
« Il semble y avoir une marge de manoeuvre », les Iraniens n’écartant pas de nouvelles discussions, a déclaré un diplomate proche de l’agence.
Le porte-parole de la diplomatie iranienne Hamid Reza Assefi avait confirmé dimanche le refus de Téhéran de transférer à l’étranger l’enrichissement, rejetant ainsi une offre de compromis lancée par la Russie, qui aurait pu permettre de sortir de la crise.
Cette offre de compromis russe, non officielle, a été endossée par les Européens avec l’accord des Américains. Le chef du Conseil de sécurité russe, Igor Ivanov, a rencontré samedi les dirigeants iraniens à Téhéran.
Moscou reste opposé à ce que l’AIEA saisisse le Conseil de sécurité de l’Onu contre l’Iran et veut un règlement au sein de l’Agence, a déclaré mardi le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Kisliak.