Associated Press, Vienne, Autriche, 24 novembre De GEORGE JAHN –
LUnion Européenne accuse lIran de posséder des documents destinés exclusivement à la fabrication darmes nucléaires et met en garde contre une comparution possible devant le Conseil de Sécurité des Nations Unies, daprès une déclaration communiquée à Associated Press jeudi.
Le communiqué de presse, arrivé plus tôt que prévu dans la journée, a été qualifié par un diplomate de résumé de ce que la Grande-Bretagne, la France et lAllemagne allaient dire à la session à huis clos du conseil de lAgence Internationale de lÉnergie Atomique qui a débuté jeudi.
Le communiqué annonce que lUE accuse lIran de posséder des documents suspects qui « nont dautres applications que la fabrication darmes nucléaires ».
« Sil ny a pas davancée » et que les inquiétudes internationales à propos du programme nucléaire de lIran restent inchangées, « le jour est proche où le conseil décidera quil faudra faire un rapport au Conseil de Sécurité», a annoncé Peter Jenkins, ambassadeur de Grande Bretagne auprès de lAIEA.
LUnion européenne se réserve également le droit de réunir un conseil durgence avant la prochaine réunion prévue en mars, pour décider dun éventuel renvoi au Conseil de Sécurité, « si cela devient nécessaire face à lattitude de lIran », annonce la déclaration.
Le communiqué fait également allusion à de nouvelles révélations préoccupantes dans un rapport rédigé pour la réunion du conseil par Mohamed ElBaradei, qui dirige lAIEA. Celles-ci montrent que les Iraniens sont en possession de ce qui semble être des dessins de noyau de tête nucléaire.
Mais le problème principal est le refus de lIran dabandonner son droit à lenrichissement duranium, pouvant être utilisé dans la génération dénergie mais aussi dans la fabrication dogives nucléaires. LIran a déclaré quils souhaitaient uniquement fabriquer du carburant, mais la communauté internationale a peur que ce programme soit détourné.
Un projet proposé ces dernières semaines envisageait de déplacer les activités denrichissement de lIran en Russie. Là, en théorie, Moscou superviserait le processus afin de sassurer que lenrichissement ne sert quà créer du carburant.
Mais lIran insiste pour contrôler la totalité du cycle du carburant sur son sol.
Le ministre des Affaires étrangères iranien, Manouchehr Mottaki, a déclaré mercredi à la presse à Téhéran qualors que le pays voulait reprendre les pourparlers avec les principales puissances européennes au sujet de son programme nucléaire, « nous avons naturellement pour but de mener nos activités denrichissement dans notre pays ».
Actuellement, le programme denrichissement de lIran est interrompu. Mais les négociations entre lIran, la France, la Grande Bretagne et lAllemagne ont été rompu en août après que lIran ait repris son programme de conversion duranium brut en gaz utilisé comme réserve dapprovisionnement dans lenrichissement.
Pendant des mois, lIran a compté sur Pékin et Moscou, membres du Conseil de Sécurité ayant pouvoir de veto, pour déjouer la tentative soutenue par les Américains de traîner le pays devant le conseil.
Alors que les Américains et les Européens ont décidé de ne pas faire pression pour le renvoi du dossier lors de la réunion du conseil de lAIEA jeudi, ils pourraient revenir sur cette décision à loccasion dune session ultérieure du bureau sils estiment que les Russes, les Chinois et dautres nations-clé ne leur feraient pas obstacle.
Jeudi à Pékin, le porte-parole du ministère chinois des Affaires Étrangères, Liu Jianchao, a déclaré à la presse que son pays ne pensait pas quil soit « approprié maintenant denvoyer ce problème devant le Conseil de Sécurité de lONU ».
ElBaradei a suggéré lors de la réunion du conseil à Vienne que lui aussi était opposé à un renvoi à lheure actuelle, demandant « une vérification solide » des activités nucléaires de lIran, combinée à un « dialogue actif ».
« Des clarifications » sur les aspects du programme nucléaire iranien « se font attendre, après trois années defforts intensifs de vérification », a-t-il dit.
Le communiqué de lUE délivré à AP déclare que « le fait que lIran ne fasse pas preuve dune transparence totale contribue à remettre en question sa revendication selon laquelle son programme est exclusivement de nature pacifique ».