AFP, Téhéran, 3 janvier par Pierre Celerier L’Iran a annoncé mardi son intention de reprendre des activités de recherche nucléaire suspendues il y a environ deux ans, qui pourraient représenter une ligne rouge à ne pas franchir pour les Occidentaux.
L’Agence onusienne pour l’énergie atomique a confirmé avoir été informée de l’intention de l’Iran, et l’a appelé à maintenir la suspension de ses activités liées à l’enrichissement.
« L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a été informée aujourd’hui par lettre que l’Iran va démarrer ses recherches sur la technologie du combustible nucléaire dans quelques jours », a dit Mohammad Saidi, vice-directeur de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, à la télévision d’Etat.
Sans préciser la nature de ces recherches, il a expliqué qu’elles avaient « été suspendues volontairement il y a environ deux ans à deux ans et demi ».
Cela correspond à la période où l’Iran a annoncé, en octobre 2003, la suspension volontaire de ses activités liées à l’enrichissement d’uranium, particulièrement dans son usine de Natanz (centre).
Si l’Iran les reprend, elle franchirait une ligne rouge pour les Occidentaux, qui ont renoué le dialogue avec Téhéran sur son dossier nucléaire le 21 décembre.
Les négociations avec les Européens (Allemagne, France, Grande-Bretagne) avaient été rompues en août après que l’Iran eut annoncé une reprise de ses activités de conversion, préalable à l’enrichissement.
A la fin novembre, l’ambassadeur d’Allemagne auprès de l’AIEA, Herbert Honsowitz, avait indiqué que désormais c’était cet enrichissement qui constituait un cap à ne pas franchir.
« Il doit être absolument clair que ceci mettrait immédiatement fin à nos efforts » pour un compromis, avait-il dit.
L’AIEA a indiqué mardi avoir reçu une « note verbale » de la mission iranienne l’informant de la décision « de reprendre le 9 janvier les activités de recherche et développement (RD) sur son programme d’énérgie nucléaire pacifique ».
Le directeur de l’Agence Mohamed ElBaradei a rappelé « l’importance accordée par le conseil des gouverneurs de l’AIEA à ce que que l’Iran maintienne la suspension de toutes les activités liées à l’enrichissement (de l’uranium) en tant que mesure de confiance essentielle », selon le communiqué.
Par ailleurs, la France a souhaité mardi que l’Iran s’en tienne à la suspension de toutes les activités relatives à l’enrichissement et au retraitement (de l’uranium) telles que cela avait été agréé en novembre 2004, ce qui inclut les centrifugeuses et les activités de recherche », a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Mattéi.
M. Saidi a justifié la nécessité d’une reprise des activités de recherche par le fait que « nos chercheurs ont subi beaucoup de pertes pendant cette période (de suspension) et nombre » d’entre eux « ont perdu leur travail ».
Le responsable a insisté sur le fait que « cette question de la recherche en technologie nucléaire n’a rien à voir avec la production elle-même de combustible nucléaire ».
Mais les Etats-Unis et l’Union européenne ne veulent pas que l’Iran procède à l’enrichissement d’uranium sur son territoire, même à titre expérimental.
Ce procédé permet d’obtenir aussi bien du combustible nucléaire que la charge d’une bombe atomique.
Or les Occidentaux craignent que le programme nucléaire civil iranien dissimule un volet militaire, ce que Téhéran a toujours démenti.
Ils soutiennent une proposition russe d’enrichissement de l’uranium iranien en Russie.
Téhéran a annoncé mardi qu’une délégation russe, menée par le vice-ministre des Affaires étrangères Sergueï Kisliak, est attendue à Téhéran le 7 janvier pour discuter du plan russe.
Mais comme l’a rappelé le porte-parole de la diplomatie iranienne Hamid Reza Assefi, « si cette proposition dit que l’enrichissement ne peut intervenir qu’en Russie, elle n’est pas acceptable ».