AFP : 9 novembre – Les Iraniens étaient mardi dans une phase critique de décision à l’issue de laquelle ils devront se prononcer sur ce qu’ils sont prêts à céder aux Européens et ce qu’ils doivent exiger en retour pour éviter que leur dossier nucléaire se retrouve devant le Conseil de sécurité de l’Onu.
L’Iran et l’Europe n’ont plus a priori que quelques jours pour dissiper la menace que le dossier iranien ne soit porté devant le Conseil de sécurité.
Pour les Européens, il s’agit d’obtenir que les Iraniens renoncent à toutes leurs activités d’enrichissement d’uranium, seule garantie probante selon eux que la technologie produisant le combustible pour les futures centrales civiles iraniennes n’est pas détournée à des fins militaires.
Pour les Iraniens, il s’agit de préserver un droit internationalement reconnu à enrichir à des fins civiles et de recevoir des contreparties satisfaisantes pour le mettre entre parenthèses.
L’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne ont négocié âprement vendredi et samedi à Paris avec les Iraniens pour les convaincre.
Un des négociateurs iraniens, Hossein Moussavian, a annoncé dimanche un « accord préliminaire ». Les Européens se sont contentés de parler de « progrès considérables », et, depuis, les deux parties observent la plus grande discrétion.
Aucune d’elles n’a annoncé que l’Iran accepterait de suspendre l’enrichissement, à quelles conditions ni – question cruciale – pour combien de temps.
Les Occidentaux ne devraient pas être rassurés par les propos du ministre de la Défense, Ali Chamkhani, selon qui l’Iran est « à présent capable de produire en masse le (missile conventionnel) chahab-3, comme nous le faisons avec la Paykan », voiture nationale.
Plusieurs responsables ont réaffirmé le refus de Téhéran de renoncer à enrichir pour une période « illimitée ». C’est là que se situerait l’un des points d’achoppement.
« L’Iran plaide pour une durée déterminée, soit six mois », a souligné un diplomate à Vienne, où siège l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), mais le trio européen « a refusé et indiqué que la suspension devait être maintenue jusqu’à ce qu’un accord durable soit conclu ».
Les négociateurs divergeraient aussi sur le champ de la suspension, les Iraniens refusant de l’étendre à toutes les opérations d’enrichissement d’uranium.
Ainsi certains passages du texte « sont entre parenthèses », a dit un diplomate.
M. Moussavian avait indiqué que le texte élaboré entre experts devait être soumis à l’approbation des capitales. « Rien ne se fait sans l’appprobation du Guide suprême », l’ayatollah Ali Khamenei, a rappelé à l’AFP Kazem Jalali, porte-parole de la commission parlementaire des Affaires étrangères.
Le temps presse parce que la session au cours de laquelle l’AIEA pourrait avoir à se prononcer sur la nécessité d’en référer au Conseil de sécurité s’ouvre le 25 novembre, que le directeur général de l’AIEA doit auparavant remettre son rapport et que les Européens insistent pour qu’une éventuelle suspension puisse aussi être vérifiée sur le terrain par l’agence avant le 25.
Dans cette période cruciale, l’ancien président Akbar Hachémi Rafsandjani a prévenu que si les Européens « tapent du pied, nous changerons d’attitude ». La technologie nucléaire « a été obtenue par notre peuple avec des moyens nationaux et personne ne peut faire cesser cela », a-t-il insisté.
Les ultra-conservateurs ont donné de la voix par l’intermédiaire du quotidien Jomhouri Eslami. « Nous devons nous retirer d’une partie où la défaite est certaine. Ce serait une grave erreur d’accepter à nouveau la suspension, même si l’Iran en fixait la durée », écrivait le journal, qualifiant « ceux qui marchandent (avec les Européens de) charlatans professionnels ».
Dans l’autre camp, le porte-parole de la présidence américaine Scott McClellan a dit « apprécier » les efforts européens. « Nous verrons les résultats plus tard dans la semaine », mais, a-t-il prévenu, l’AIEA « devra en référer au Conseil de sécurité » si l’Iran ne cède pas.