The New York Times, Washington, 16 mai De STEVEN R. WEISMAN Les principales nations européennes, aux côtés des Etats-Unis, se préparent à offrir à lIran leur aide dans la construction dun réacteur nucléaire à eau légère à usage civil en échange de la suspension de ses activités, suspectées dêtre une couverture pour un programme darmes, ont déclaré mardi les diplomates européens et américains.
Loffre daide pour la construction dun réacteur nucléaire à eau légère, ne pouvant pas être facilement utilisé pour le développement darmes, fait partie dune série de mesures incitatives que les Européens essaient de mettre en place dans une nouvelle tentative de sauvetage des négociations avec lIran. Cette série de mesures a également pour objectif de contenir les menaces de sanctions économiques si lIran ne coopère pas.
Afin de faire cesser les activités denrichissement nucléaires iraniennes et de rassurer lOccident sur le fait que le pays ne développe pas darmes nucléaires, les Européens navaient pas rejeté la possibilité que lIran puisse avoir un réacteur à eau légère. Mais la nouvelle série de mesures promettrait de manière plus explicite laide de lOccident pour le construire, ont expliqué les hauts responsables.
« Les Européens ressortent et peaufinent ce qui a déjà été proposé et voient ce qui est faisable en termes de nouvelles idées », a déclaré un haut responsable du département dEtat, un des diplomates qui a travaillé sur la série de mesures européenne, qui a désiré rester anonyme parce quils ne sont pas autorisés à parler de ce projet qui nest pas encore achevé.
Un réacteur à eau légère nécessite de luranium enrichi pour le combustible, mais en vertu du marché que doit proposer lOccident, celui-ci garantirait à lIran un approvisionnement en combustible provenant de létranger qui serait ensuite renvoyé après utilisation. De cette façon, selon les experts occidentaux, les sous-produits du réacteur ne pourraient pas être utilisés dans un programme darmes.
Ladministration Bush na pas officiellement approuvé ces mesures car celles-ci ne sont pas définitives et parce que les diplomates américains affirment que les sanctions nont pas été achevées. Washington veut sassurer que lEurope présente à lIran des avantages pour sa coopération et des sanctions pour sa défiance.
Les diplomates américains et européens reconnaissent quils sont loin dêtre certains que lIran soit intéressé par une nouvelle offre européenne, qui doit faire lobjet dun débat plus tard cette semaine à Londres ou en début de semaine prochaine pour les hauts diplomates américains, européens, russes et chinois.
Lattitude de la Russie et de la Chine est considérée comme cruciale, selon les diplomates. Jusquà maintenant, la Russie et la Chine ont rejeté les efforts des Etats-Unis pour obtenir une résolution du Conseil de Sécurité de lONU demandant que lIran coopère dans le domaine nucléaire ou risque déventuelles sanctions.
La semaine dernière, de hauts diplomates ont tenté de définir un ensemble de mesures lors dun meeting, qui selon les hauts responsables européens sest mal passé. Ils ont rapporté que la secrétaire dEtat américaine Condoleezza Rice et le ministre des Affaires Etrangères russe, Sergey V. Lavrov, avaient eu une conversation animée au sujet de lIran lors dun dîner auquel assistaient les autres diplomates.
Certains affirment que Mme Rice et M. Lavrov avaient discuté rudement aussi bien en russe quen anglais, langues quils parlent tous les deux, dune façon laissant place au désarroi quant à la perspective dune coopération future. Cest ensuite que Mme Rice et dautres diplomates ont proposé lidée de reformuler leurs propositions à lIran.
Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France espèrent que, dans le cas où lIran rejette ces dernières mesures incitatives, la Russie serait plus enclin à faire un pas en avant pour des sanctions éventuelles. Mais il sagit dun espoir plus que dune attente, selon les diplomates européens.
LIran maintient que toutes ses activités ont pour objectif de fournir de lénergie nucléaire civile, mais les spécialistes occidentaux affirment quavec tout son pétrole, lIran na pas besoin dénergie nucléaire et tente probablement de développer la bombe. Les inspecteurs internationaux condamnent aussi lIran pour navoir pas dévoilé ses activités nucléaires, comme le prévoient différents accords.
La nouvelle série de mesures devant être présentée à lIran est le dernier produit des négociations qui durent depuis plus dun an et demi. Les mesures précédentes ont été proposées à lIran en août dernier par la Grande-Bretagne, la France, lAllemagne et lUnion Européenne. En échange de labandon de lenrichissement duranium, ils ont offert à lIran un éventail de mesures coopératives, dont le renforcement des liens diplomatiques, de possibles garanties de sécurité et des relations économiques et commerciales améliorées. LIran a rejeté à plusieurs reprises ces offres tant que le prix à payer était labandon de lenrichissement duranium, activité que le pays a redémarrée lété dernier en dépit des protestations de lOccident.
Certains membres de ladministration Bush disent que lIran approche un « point de non-retour », sil ne la pas encore atteint, où le pays maîtrise la technologie et la compréhension du processus denrichissement, lui permettant finalement de produire larme nucléaire. Mais en réalité, la fabrication darmes prendrait des années, selon ces hauts responsables.