AFP, Washington, 21 mai – La secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, a imposé dimanche une fin de non-recevoir aux Européens qui lui demandent d’offrir des garanties de sécurité à l’Iran, pour convaincre ce pays de renoncer à son programme nucléaire controversé.
« Il n’y a pas de garanties de sécurité sur la table », a assuré la chef de la diplomatie américaine sur la chaîne de télévision Fox news. « Je veux que ce soit clair. Mes collègues ne m’ont pas demandé si les Etats-Unis accorderaient des garanties de sécurité aux Iraniens », a précisé Mme Rice à la chaîne NBC.
« On ne demande pas aux Etats-Unis des garanties de sécurité et deuxièmement, cela n’a aucun sens dans un contexte où l’Iran est le banquier central du terrorisme et une force d’instabilité », a-t-elle ajouté.
Le ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, et le Haut représentant pour la politique extérieure de l’Union Européenne (UE), Javier Solana, avaient pourtant mentionné à plusieurs reprises la possibilité de mettre des « questions de sécurité » dans l’ensemble de propositions préparées par l’UE-3 (France, Allemagne et Grande-Bretagne) pour Téhéran.
Ces propositions, qui doivent être discutées mercredi à Londres par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie) plus l’Allemagne, n’ont pas encore été présentées à Téhéran.
Signe des divisions persistant entre les Occidentaux sur le contenu de ces propositions, la réunion, prévue initialement vendredi, a dû être reportée et l’UE-3 aura mardi une rencontre séparée avec les Etats-Unis.
Selon le New York Times, Washington ne serait favorable à aucune sorte de garantie de sécurité pour l’Iran, y compris un cadre « régional » pour le Proche-Orient que proposeraient les Européens.
« Les détails sont encore incertains, mais les Européens disent que le plan comprendrait une sorte de garantie que le gouvernement (iranien) ne serait pas renversé, que ce soit par une attaque ou par la subversion », précisait samedi le quotidien.
Mme Rice ne fait pas mystère de son voeu d’assister à un changement de régime en Iran. Elle a d’ailleurs décidé de consacrer 75 millions de dollars à la promotion de la démocratie en Iran, notamment par des programmes de radio et de télévision en persan.
Les Européens pensent inévitable que les Etats-Unis et l’Iran discutent de sécurité à un moment ou un autre, mais cela ne figurerait pas dans l’ensemble de propositions dont les cinq Grands et l’Allemagne doivent discuter mercredi à Londres, ajoutait le New York Times.
Dimanche, Mme Rice a affirmé que « l’idée selon laquelle il y aurait une division entre les Etats-Unis et l’Europe était erronée ». « Nous n’avons pas eu de demande visant à fournir des garanties de sécurité à l’Iran. Ce dont nous parlons, c’est d’un ensemble qui dira clairement que l’Iran doit faire des choix, soit dans le sens de sanctions et d’actions de la communauté internationale, soit pour régler ses problèmes de nucléaire civil ».
La secrétaire d’Etat américaine a ironisé sur les affirmations du gouvernement iranien selon lesquelles l’Iran ne cherche pas à obtenir l’arme nucléaire et les activités d’enrichissement de l’uranium dont le Conseil de sécurité demande la suspension sont destinées à des fins civiles. « Si c’est un programme nucléaire civil, qu’est-ce que c’est que ces garanties de sécurité? », a-t-elle demandé.
Interrogée sur la possibilité d’une opération militaire contre l’Iran au cas où Téhéran ne s’inclinerait pas, Mme Rice a rappelé que le président américain George W. Bush « ne retirerait aucune option de la table ». « Mais nous pensons qu’on peut obtenir des résultats par la voie diplomatique », a-t-elle ajouté.
L’Iran a réaffirmé dimanche qu’il n’entendait pas suspendre son programme enrichissement d’uranium.