AFP, Berlin, 24 juin – Le ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, a affirmé samedi à Berlin que Téhéran souhaitait une reprise des négociations « sans aucune condition préalable » sur la question du nucléaire, réitérant ainsi la position de la République islamique.
L’Iran n’est « nullement isolé » concernant le dossier du nucléaire, a poursuivi M. Mottaki lors d’une conférence de presse à l’issue d’une rencontre avec son homologue allemand, Frank-Walter Steinmeier. Il a cité les « soutiens » fin mai des pays du mouvement des non alignés en Malaisie et de 57 pays membres de l’Organisation de la conférence islamique à Bakou, cette semaine.
Il répondait à M. Steinmeier qui venait de le placer devant l’alternative: « ou bien le conflit se poursuit et l’Iran va tomber à l’isolement, ou bien nous saisissons la chance d’une solution diplomatique ».
M. Steinmeier lui a demandé de manière pressante que la « clarté » sur les intentions iraniennes « soit faite le plus vite possible ».
Il a fait valoir que les six Grands (Allemagne, Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) avaient proposé à l’Iran « un ensemble de mesures substantielles et ambitieuses », et affirmé la bonne volonté des Occidentaux désireux de respecter un « équilibre entre le droit légitime de l’Iran à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire et les préoccupations de la communauté internationale ».
C’est « par la suspension de l’enrichissement d’uranium qu’un environnement propice serait créé » pour un retour à la table des négociations, a-t-il fermement rappelé, répondant ainsi par la négative au voeu que le ministre iranien venait d’exprimer d’une reprise des négociations sans conditions.
« Au final, cela dépendra aussi de vous », a encore lancé M. Steinmeier, alors que M. Mottaki venait d’argumenter que chacun « devait tenir compte du point de vue de l’autre ».
M. Mottaki a salué l’offre des six, « actuellement très sérieusement examinée » par l’Iran qui y voit « des points très positifs, parallèlement à des aspects peu clairs ».
« Nous aurons encore des questions à poser. Aussitôt après avoir conclu notre examen, nous ferons connaître à nos partenaires européens notre position », a-t-il promis, confirmant qu’une rencontre devrait avoir lieu la semaine prochaine entre les négociateurs iraniens et Javier Solana, représentant de l’Union européenne pour la politique étrangère.
Vendredi, l’Iran avait fait savoir qu’il rejetait la suspension de son programme nucléaire comme préalable à des négociations avec les grandes puissances, ou même comme résultat de ce dialogue avec celles-ci.
Jouant de ses liens anciens et de ses relations économiques importantes avec l’Iran, Berlin a été crédité d’un rôle clé pour régler la crise, et n’a pas ménagé ses efforts pour une position unifiée des six, notamment en consultant Moscou et Washington.
L’entretien qui a duré deux heures, nettement plus que la durée prévue, avait lieu dans l’ancienne résidence des invités du gouvernement dans le quartier de Dahlem, à l’ouest de la capitale allemande. D’importantes forces de police étaient déployées.
Une trentaine d’opposants des Moudjahidine du peuple agitaient des panneaux avec le slogan « le vrai terroriste est le régime des Mollahs en Iran ».