AFP, Bruxelles, 15 septembre – Les Européens n’abandonnent pas l’espoir de voir les Iraniens accepter de suspendre tout enrichissement d’uranium lors d’une prochaine rencontre, dont on ignore toujours la date, entre le diplomate en chef de l’UE, Javier Solana, et le négociateur iranien, Ali Larijani.
Lors d’une réunion des ministres européens des Affaires étrangères vendredi à Bruxelles, le ministre allemand Frank-Walter Steinmeier a estimé toujours possible un « signal » positif durable des Iraniens sur ce dossier.
« Nous avons noté –les entretiens entre MM. Solana et Larijani en sont la preuve– qu’il y a une réflexion intensive. Donc, je n’ai pas encore complètement abandonné l’espoir que ce processus de réflexion se traduira par un signal durable de l’Iran, dont nous avons besoin de façon urgente », a-t-il dit.
« J’espère que la prochaine conversation entre MM. Larijani et Solana apportera un tel signal », a ajouté le ministre allemand.
Javier Solana et Ali Larijani se sont vus longuement le week-end dernier à Vienne, lors d’entretiens que M. Solana a qualifiés de « constructifs ».
Ils devaient se revoir ce jeudi, mais cette rencontre a été reportée afin de « laisser les experts travailler ». Les experts en question, le diplomate britannique Robert Cooper pour l’UE et Javad Vaïdi pour les Iraniens, se sont vus mardi, puis jeudi à Genève, sans qu’on sache quels progrès ils pourraient avoir accompli.
Une nouvelle rencontre Solana-Larijani est toujours prévue, a cependant assuré vendredi la porte-parole de M. Solana, Cristina Gallach, en ajoutant que ni le lieu ni la date n’étaient encore fixés.
Selon des sources diplomatiques, M. Larijani a proposé à Vienne de suspendre pour deux mois les activités d’enrichissement dont les grandes puissances redoutent, malgré les dénégations de l’Iran, qu’elles n’aient des visées militaires.
Mais cette proposition s’accompagne d’exigences en matière de sécurité et d’abandon de la procédure contre l’Iran au Conseil de sécurité de l’Onu qui la rendent inacceptable par les Occidentaux, selon ces sources.
Néanmoins, les Européens perçoivent « un certain nombre de frémissements » du côté des Iraniens, « notamment le fait que l’Iran ait apparemment accepté de parler de la question de la suspension », selon le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Mattéi.
De ce fait, ils ne veulent pas les bousculer, assure une source européenne citant la « retenue verbale » ces derniers jours, de la part des Iraniens, comme un signe encourageant.
Ce qui explique la discrétion de M. Solana et de son entourage sur les discussions en cours, qui n’ont rien confirmé des informations de sources diplomatiques sur une proposition iranienne de suspension de l’enrichissement.
Sur le fond, les Européens maintiennent leur double approche de « fermeté et dialogue », comme l’a résumé vendredi le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn.
Pendant que M. Solana et ses experts poursuivent les discussions avec M. Larijani, la « fermeté » consiste à maintenir la menace de sanctions contre l’Iran au Conseil de sécurité de l’Onu, réclamées par Washington mais envers lesquelles Moscou et Pékin restent réticents.
L’Iran s’expose à de telles sanctions puisqu’elle continue à enrichir de l’uranium malgré un ultimatum du Conseil de sécurité qui l’enjoignait à arrêter au 31 août.
Des discussions sur l’opportunité de mesures punitives devraient avoir lieu la semaine prochaine à New York en marge de l’Assemblée générale de l’Onu. Mais M. Solana a déjà averti à plusieurs reprises qu’il n’y aurait pas de sanctions tant que dureraient les discussions avec M. Larijani.