AFP, 24 septembre – La relance des négociations cette semaine en Europe sur le programme nucléaire iranien contesté risque de pâtir de l’insistance des Etats-Unis à établir une liste de sanctions applicables immédiatement en cas d’échec de la diplomatie.
Le représentant de la diplomatie européenne, Javier Solana, doit rencontrer dans la semaine le responsable iranien des négociations pour le dossier nucléaire, Ali Larijani, avec un mandat renforcé de la part des grandes puissances.
L’objectif est d’obtenir que l’Iran accepte de suspendre son enrichissement d’uranium, un programme aux visées potentiellement militaires, en échange d’une série de mesures économiques et diplomatiques — et notamment des discussions directes avec les Etats-Unis pour la première fois depuis 27 ans.
L’Iran avait jusqu’au 31 août pour accepter, mais sous la pression des trois puissances européennes (Royaume-Uni, Allemagne et France) et de la Chine, les Etats-Unis ont accepté de renoncer aux sanctions immédiates.
Lors d’une réunion en marge de l’assemblée générale de l’ONU la semaine dernière à New York, la secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, a cependant convaincu ses homologues européens, chinois et russe de fixer une nouvelle date butoir.
Selon des sources européennes, il s’agit de la première semaine d’octobre. Plusieurs responsables européens se sont dits optimistes sur l’issue des nouvelles négociations, mais Washington reste cependant sceptique et craint que Téhéran ne cherche qu’à gagner du temps pour progresser dans son programme nucléaire, qui pourrait aboutir à la fabrication d’une bombe atomique.
« Il n’y a aucun doute que depuis trois ans, l’Iran a utilisé la couverture des négociations pour continuer à perfectionner les aspects techniques » de son programme nucléaire, a déclaré la semaine dernière l’ambassadeur américain à l’ONU, John Bolton.
Les Etats-Unis ont donc poursuivi leurs efforts pour obtenir des cinq autres puissances une liste de sanctions progressives afin de faire pression sur l’Iran. Le sujet a dominé les rencontres entre Mme Rice et ses homologues à New York, au point qu’un haut responsable américain a laissé entendre qu’elle avait discuté de cela avec les Russes et les Chinois à l’occasion « du petit déjeuner, du déjeuner et du dîner ».
Lors d’une réunion de hauts diplomates des six puissances vendredi, la possibilité a été évoquée de commencer par viser les échanges et la coopération liés à ses activités nucléaires et ses programmes de missiles balistiques.
Mais un haut responsable américain a reconnu après la réunion qu’aucun accord n’avait été conclu, même pour le premier niveau de sanctions, et les discussions vont se poursuivre dans les jours qui viennent, en même temps que les négociations entre MM. Solana et Larijani.
Les deux hommes auraient dû se voir la semaine dernière à New York, mais le représentant iranien a repoussé l’entrevue, un geste analysé à Washington comme le signe d’un probable débat entre plusieurs factions à Téhéran sur la réponse à donner aux mesures incitatives. « L’Iran n’est pas une entité monolithique », a expliqué un responsable américain.
Au-delà des sanctions, les Etats-Unis envisagent aussi de recourir à la force militaire contre l’Iran. Dans la mesure où la guerre en Irak a été précédée de ce même type d’efforts diplomatiques, la communauté internationale ne prend pas la menace à la légère.