The Times, 4 octobre World Briefing de Bronwen Maddox Le dernier coup de poker nucléaire de lIran est ingénieux. Mais il doit absolument être voué à léchec : une concession que les autres pays ne peuvent même pas envisager.
La possibilité que lIran en tire un quelconque profit dépend de sa capacité à séparer la France de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis.
Sa tactique est clairement de diviser pour mieux régner, mais comme lexaspération du Japon la indiqué cette semaine, leffet inverse désiré est également possible.
« Afin de trouver une solution, nous venons davoir une idée », a annoncé Mohammad Saïdi, sous-directeur de lOrganisation de lEnergie atomique dIran. La déclaration, faite hier sur France Info Radio, mérite une récompense pour sa spontanéité forcée au service de la diplomatie.
Lidée, a-t-il dit, est que « la France crée un consortium pour la production en Iran duranium enrichi ». « De cette façon, la France, par lintermédiaire des sociétés Eurodif et Areva, pourrait contrôler nos activités denrichissement de manière tangible. »
Sauf quelle ne le pourrait pas. La faille dans ce plan, pour ceux qui essaient de contenir les ambitions nucléaires de Téhéran, est quil permettrait à lIran de maîtriser la technologie la plus sensible sur son propre sol.
Sil choisit plus tard de chasser ses partenaires, conservant ainsi les usines et lexpertise, personne ne pourrait faire quoique ce soit.
La maîtrise de lenrichissement est le plus grand obstacle technique à lacquisition darmes nucléaires. LIran affirme que son intention est uniquement de produire du combustible pour des centrales nucléaires, mais beaucoup craignent que ses ambitions soient militaires.
Eurodif est une filiale dAreva, producteur nucléaire français contrôlé par lEtat, qui a été créé en partie avec le soutien de lIran prérévolutionnaire des années 1970. Un porte-parole a assuré hier que la société ne participait pas aux pourparlers.
Le moment choisi par lIran pour émettre cette idée géniale ne fait aucun mystère. LIran vient juste dignorer un autre ultimatum des « P5 plus un » : les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unies (les USA, la Grande-Bretagne, la France, la Russie et la Chine), plus lAllemagne.
Javier Solana, chef de la politique étrangère de lUnion Européenne, a rapporté aux six nations ce week-end quAli Larijani, négociateur nucléaire en chef de lIran, avait rejeté sa demande de suspension de lenrichissement, condition au redémarrage des négociations.
La France sest montrée inflexible vis-à-vis du programme nucléaire iranien, tout comme la Grande-Bretagne et les USA. Si lIran espère soudainement pouvoir écarter la France du groupe, cest peut-être en raison de la proposition du président Chirac le mois dernier dabandonner les menaces de sanctions pour revenir à une suspension temporaire des travaux.
Mais le porte-parole du ministère des Affaires étrangères français a déclaré hier que cette proposition était « nouvelle pour eux » et que la France se rangeait complètement derrière la position commune.
Un haut responsable britannique a ajouté que « à moins dun changement soudain et inattendu » de la part de Téhéran, « nous pouvons espérer que le débat soit transféré à New York la semaine prochaine ». Les pays des P5+1 préparent une seconde résolution visant à imposer des sanctions de lONU contre lindustrie nucléaire et balistique de lIran.
Laccord possible avec le Japon pour lexploitation de champs pétroliers iraniens a montré des signes de faiblesse cette semaine. Dans tous les cas, comme la affirmé un haut responsable britannique, il ne reste que peu doptions pour les opposants à lIran. Les sanctions les plus sévères viendraient probablement des Etats-Unis, qui agiraient seuls.