AFP 13 décembre : Les Européens ont donné le coup d’envoi à Bruxelles lundi à de délicates discussions avec l’Iran sur les contreparties à accorder à ce pays après la suspension des activités d’enrichissement d’uranium qui auraient pu lui permettre d’acquérir l’arme nucléaire.
Les deux parties ont fait assaut d’amabilité sur leur volonté commune de parvenir à une solution de long terme, après les signaux contradictoires envoyés de Téhéran ces derniers jours.
Le principal responsable du nucléaire iranien, Hassan Rohani, a émis l’espoir que l’événement présageait d' »un nouveau chapitre » pour les relations entre l’UE et l’Iran.
« Si les deux parties poursuivent ces négociations de bonne foi, je pense que les deux parties parviendront à une nouvelle étape », a-t-il déclaré à l’issue d’une rencontre avec les ministres des Affaires étrangères allemand, français, britannique et le Haut représentant pour la politique étrangère de l’UE.
« Nous sommes maintenant en mesure d’aller de l’avant », s’est félicité de son côté le secrétaire au Foreign office Jack Straw. « Nous sommes tous engagés à faire un succès de ce processus », a-t-il ajouté.
A peine lancé au niveau politique, le suivi de l’accord conclu le mois dernier à Paris puis entériné à Vienne par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) devait entrer dans le vif du sujet avec de premières réunions dès lundi soir au niveau des experts.
« Un des objectifs de cette négociation est d’apporter des garanties objectives que le programme nucléaire iranien puisse seulement être utilisé à des fins pacifiques », a souligné M. Straw.
En échange, les Européens se disent prêts à développer avec Téhéran une coopération nucléaire, en lui fournissant un réacteur de recherche à eau légère, et commerciale, en soutenant la candidature de la République islamique à l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Sur ce dernier point, les aspirations de Téhéran ont néanmoins systématiquement été bloquées jusqu’ici par les Etats-Unis et les discussions euro-iraniennes courent le risque d’un échec si aucun terrain d’entente n’est trouvé avec Washington sur le nucléaire, estiment des diplomates.
L’administration américaine, favorable à un transfert du dossier iranien au Conseil de sécurité des Nations unies, accuse l’Iran d’utiliser l’accord de Paris pour gagner du temps et développer secrètement l’arme atomique, mais les Américains ont accepté de donner une chance à la médiation européenne.
« D’un point de vue juridique, la question nucléaire est complètement clarifiée », a affirmé Hassan Rohani, assurant que l’intention de son pays était « d’établir à travers le dialogue politique » de lundi « une confiance telle que l’Iran ne suscitera plus l’inquiétude ».
« Notre impression du début des négociations aujourd’hui est que l’Europe est déterminée à avancer et réussir dans ces négociations », a-t-il ajouté.
Selon un diplomate européen, M. Rohani a souligné auprès de ses interlocuteurs l’importance que les pourparlers soient achevés dans un délai de trois mois. « Le temps est essentiel », a-t-il insisté. « La substance est essentielle », lui ont rétorqué les ministres européens.
« Il faut que l’Iran respecte son premier engagement de renoncement à l’arme nucléaire » et que « l’AIEA puisse aller le vérifier », a résumé le chef de la diplomatie française Michel Barnier.
M. Rohani a minimisé de son côté les propos tenus à Téhéran par des responsables iraniens selon lesquels la République islamique reste en quête d’exemptions à la suspension de l’enrichissement d’uranium.
« L’objectif de la suspension, c’est de créer un nouveau climat grâce auquel nous puissions avoir des négociations sérieuses avec nos partenaires européens », a-t-il dit.