Le Monde, 23 janvier – par Natalie Nougayrède – L’Iran a opté, lundi 22 janvier, pour des gestes de représailles et de démonstration de force, un mois après avoir été frappé de sanctions par le Conseil de sécurité de l’ONU, et en réaction aux récentes décisions de l’administration Bush d’accroître la présence militaire américaine dans la région du Golfe persique.
L’Iran a décidé d’interdire d’accès à son territoire 38 inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). « C’est le premier pas destiné à limiter la coopération avec l’Agence », a déclaré, lundi, le chef de la commission parlementaire iranienne pour la sécurité nationale, Alaeddin Boroujerdi. Mais la porte-parole de l’AIEA, Melissa Fleming, a minimisé la portée de ce geste en soulignant qu’il y avait « suffisamment d’inspecteurs désignés en Iran pour que l’Agence puisse mener ses activités d’inspection ».
L’Iran a par ailleurs procédé, lundi, à des tests de tirs de missiles de courte portée Zelzal-1 et Fajr-5, dans le cadre de manoeuvres militaires devant durer plusieurs jours. Ce geste intervient après l’annonce, faite le 9 janvier par George Bush, que les Etats-Unis allaient déployer un second porte-avions vers le Golfe persique. Washington a en outre commencé ce mois-ci à déployer vers cette région des missiles Patriot et des sous-marins nucléaires, ainsi que des bombardiers F-16, vers la base d’Incirlik en Turquie.
La résolution 1737 du Conseil de sécurité de l’ONU a accordé à l’Iran un délai de soixante jours, soit jusqu’au 21 février, pour suspendre ses activités d’enrichissement d’uranium, faute de quoi de nouvelles sanctions seront envisagées.
Ces réactions iraniennes apparaissent toutefois dosées. Téhéran n’a pas mis à exécution la menace qu’il avait proférée en 2006 de cesser entièrement sa coopération avec l’AIEA, voire de se retirer du traité de non-prolifération (TNP), au cas où des sanctions seraient votées à son encontre.
CENTRIFUGEUSES À NATANZ
Les inspections de l’AIEA sur le terrain ont déjà été restreintes depuis que l’Iran a mis fin, en février 2006, à un processus de vérifications larges et inopinées.
Les diplomates occidentaux s’attendent à ce que l’Iran annonce bientôt le démarrage d’activités d’enrichissement d’uranium à échelle industrielle, comportant l’installation de centrifugeuses dans un grand souterrain à Natanz, prévu pour en accueillir des dizaines de milliers. Malgré les sanctions qui le frappent, l’Iran a répété qu’il franchirait ce cap avant la fin de l’année dans le calendrier persan, c’est-à-dire avant le 21 mars. Mais des problèmes techniques subsistent.
Lundi, à Bruxelles, les ministres des affaires étrangères des vingt-sept pays de l’Union européenne ont décidé de mettre en oeuvre « pleinement et sans délai » les sanctions visant les programmes nucléaire et balistique de l’Iran. Ils ont ajouté vouloir favoriser « une approche progressive et proportionnée » de l’ensemble de ce dossier.