AFP, Londres, 31 janvier – L’Iran pourra produire une arme nucléaire d’ici à deux ou trois ans, selon l’institut de réflexion stratégique IISS de Londres, qui insiste sur les progrès continus de Téhéran dans son programme nucléaire.
« L’Iran a continué à faire des progrès dans la production de matériel pour l’enrichissement » nucléaire, affirme l’International Institute for Strategic Studies dans son rapport mondial 2007 sur les forces armées publié mercredi.
L’institut ajoute que Téhéran sera en mesure de produire une arme nucléaire « dans deux ou trois ans au plus tôt », alors que la République islamique est suspectée par la communauté internationale de mener des recherches pour disposer d’un arsenal nucléaire.
Il met également en garde contre les risques d’intervention militaire qu’une telle perspective engendre.
L’Iran est sous le coup de sanctions des sanctions économiques et commerciales infligées le 23 décembre par le Conseil de sécurité des Nations Unies pour avoir refusé de suspendre ses activités nucléaires.
Dans son rapport, l’IISS indique que l’Iran « a stocké 250 tonnes d’UF6 (hexafluorure d’uranium, utiles à l’enrichissement de l’uranium, ndlr), soit suffisamment, une fois enrichi, pour 30 à 50 armes » atomiques.
Le principal problème pour la production de telles armes est dans l’apprentissage de l’utilisation de l’UF6, précise-t-il.
Détaillant les étapes techniques nécessaires à la production d’une arme nucléaire, l’IISS affirme que la République islamique « est probablement sur la voie d’atteindre son objectif de disposer de 3.000 centrifugeuses d’ici à la fin mars ou peu après. »
Téhéran a annoncé, dans la foulée des sanctions infligées par le Conseil de sécurité, qu’il allait entamer les travaux préparatoires à l’installation des 3.000 centrifugeuses.
L’Iran possède actuellement deux cascades de 164 centrifugeuses à Natanz qui enrichissent l’uranium à moins de 5%. Or, l’enrichissement d’uranium permet d’obtenir le combustible pour une centrale nucléaire, mais aussi la matière première pour une bombe atomique.
L’institut précise qu’une fois ces centrifugeuses installées, il faudra encore les mettre en cascade et les faire fonctionner. « Si et lorsque l’Iran aura 3.000 centrifugeuses qui fonctionnent bien, l’IISS estime qu’il faudra 9 à 11 mois supplémentaires pour produire 25 kilogrammes d’uranium hautement enrichi, suffisamment pour une arme à implosion », indique-t-il.
« Ce jour est pour dans deux ou trois ans au plutôt », précise-t-il.
« Si l’Iran dépasse les obstacles techniques (pour la fabrication d’une arme nucléaire), la possibilité d’options militaires pour arrêter le programme augmentera », affirme-t-il.
Pour l’heure, et en dépit de la crise autour du nucléaire iranien, le président américain George W. Bush a redit mardi sur la chaîne ABC que les Etats-Unis n’avaient aucun plan pour envahir l’Iran.
En revanche, il a indiqué qu’il comptait augmenter la pression diplomatique pour convaincre Téhéran de mettre fin à son programme d’enrichissement d’uranium.
Or, l’IISS insiste sur les « signes » indiquant que la « pression politique et financière a un impact à Téhéran ». « Un nombre croissant d’opposant du président Mahmoud Ahmadinejad ont sévèrement critiqué son leadership économique et ses excès rhétoriques », affirme-t-il.
Téhéran, qui a entamé jeudi la célébration de l’anniversaire de sa révolution de 1979, placée cette année sous le signe de son programme nucléaire controversé, est sous le coup de nouvelles sanctions s’il ne se plie pas d’ici à la mi-février à la résolution 1737 des Nations Unies.