lemonde.fr, 5 février – Une intervention militaire contre l’Iran aurait des conséquences désastreuses, lit-on dans un rapport rendu public, lundi 5 février, par plusieurs organismes de réflexion et ONG caritatives implantés en Grande-Bretagne, qui appellent à une relance de la diplomatie pour éviter pareil conflit.
Dans leur rapport conjoint, quinze organisations, dont le Foreign Policy Centre, Oxfam et le Conseil musulman de Grande-Bretagne, estiment qu’une attaque de l’Iran ne ferait, entre autres, que renforcer les ambitions nucléaires de ce pays, anéantirait en grande partie les espoirs de stabilisation de l’Irak et porterait un coup à la croissance économique mondiale, car les cours du pétrole monteraient. « Les conséquences d’une intervention militaire contre l’Iran sont non seulement désagréables à entendre, elles sont impensables », résume Stephen Twigg, directeur du Foreign Policy Centre. « Même d’après les pires estimations, l’Iran n’aura pas d’arme atomique avant plusieurs années. Il reste du temps pour négocier », ajoute-t-il.
Parmi les conséquences fortuites d’une attaque contre l’Iran, lit-on dans le rapport, la position des « durs » du régime politique se renforcerait à Téhéran et les chances de réformes seraient renvoyées aux calendes grecques. En outre, une telle attaque pourrait inspirer en outre des attentats dans les pays occidentaux. « Je pense que nos décideurs doivent évaluer pleinement les conséquences d’une intervention militaire contre l’Iran », déclare Ali Ansari, directeur de l’Institut d’études iraniennes à l’université de Saint Andrews.
Les auteurs avertissent contre les effets possibles d’une intervention militaire, allant d’une « plus grande instabilité au Proche-Orient et dans la région, spécialement en Irak et en Afghanistan », à une situation d' »insécurité énergétique exacerbée » et aux nombreuses victimes civiles en Iran.
LONDRES APPELÉ À FAIRE PRESSION SUR SON ALLIÉ AMÉRICAIN
Le rapport appelle Londres à faire pression sur Washington pour privilégier une solution diplomatique au règlement du problème nucléaire iranien. Les auteurs reconnaissent qu' »il est hautement improbable que la Grande-Bretagne joue un rôle actif dans des frappes militaires en Iran ». Mais ils soulignent l’influence que Londres peut exercer sur son allié américain alors qu' »un appui public de la Grande-Bretagne serait important pour les Etats-Unis », en cas d’intervention militaire.
L’Iran, de son côté, essaie de rassurer la communauté internationale. « Nous allons organiser une visite de nos installations nucléaires pour les diplomates occidentaux en poste à Téhéran », indique Gholam Reza Aghazadeh, le directeur de l’agence de l’énergie atomique iranienne, sans préciser la date à laquelle cette visite aurait lieu.
Parallèlement, le président George W. Bush poursuit sa gesticulation envers l’Iran. Il a annoncé le déploiement d’un nouveau groupe aéronaval dans le golfe Persique, donné l’autorisation aux troupes américaines d’arrêter ou de tuer les agents iraniens en Irak, et décidé l’embargo sur les pièces détachées destinées aux avions iraniens.